Éditorial - Le pape François, réformateur de son Église
L’arrivée, au printemps 2013, d’un pape venu du bout du monde, a fait entrer un air nouveau dans ce système très ancien. Tout est nouveau : le continent d’origine, le style, l’homme. Ce pape là plaît et il y a de quoi ! Son ouverture, son envie de changer les choses… Certains ont même dit que ce pape était un pape pour les Protestants !
Jorge Bergoglio a manifesté dès le premier jour sa volonté de garder sa liberté par rapport à un certain nombre d’usages protocolaires. Surtout, il a décidé d'aller plus loin que ses prédécesseurs dans la réforme de certaines pratiques, en particulier dans le domaine financier. Ce processus n’est pas achevé et certains semblent chercher à le freiner, voire à le faire capoter. L’effort d’assainissement doit pourtant être poursuivi.
Tous les papes, depuis le concile Vatican II, ont dû affronter des turbulences lorsqu’ils ont manifesté leur volonté d’apporter des changements aux usages de la Curie romaine. Il n’y a pas lieu d’en être étonné. Aucune autre administration dans le monde ne peut se prévaloir d’une telle ancienneté et d’une telle continuité depuis le Ve siècle. La résistance aux changements y est dès lors très forte. Toute réforme demande de la détermination ainsi qu’un important effort de conviction et d’accompagnement.
Ce pape ouvre beaucoup de débats, crée des questionnements dans son Église, questionnements qui ne sont pas nouveaux, notamment à propos de la famille et sur l’accueil des divorcés à la communion. Ses propos sur la curie, sa fraternité envers les homosexuels, ont fait la une des médias du monde entier.
La commémoration commune de la Réforme constitue en elle-même une immense avancée après cinq cents ans d’anathèmes, de préjugés et de divergences diverses qui ne peuvent s’évanouir en un instant comme par magie. Le dialogue entre les Églises au sujet de leurs divisions du passé doit se poursuivre et s’intensifier.
Cependant, des points importants demeurent et dans le contexte général, il est impératif de faire face ensemble à la difficulté croissante de témoigner dans le monde aujourd’hui. Nous osons espérer que le pape François n’en restera pas là et que l’Église catholique romaine saura bel et bien aller plus loin dans la reconnaissance à part entière des Églises issues de la Réforme.
Pourquoi ne pas reconnaître Luther comme un docteur commun de l’Église ?
L. P.