À la rencontre de

Yves-Marie Blanchard, prêtre du diocèse de Poitiers

01 octobre 2019

On pourrait définir Yves-Marie Blanchard par trois E : Enseignement, Écriture et oEcuménisme. Son dernier ouvrage, La Bible, parole une et plurielle, sort le 28 août aux éditions Salvator. À cette occasion, nous l’avons rencontré.

Enseignement

Yves-Marie Blanchard a d’abord enseigné dans l’enseignement secondaire avant de devenir prêtre (il est agrégé de lettres classiques). Dans le monde catholique, il a enseigné et enseigne encore dans de nombreuses institutions : au séminaire de Poitiers et maintenant à Orléans. Il est professeur honoraire de l’Institut catholique de Paris (où il a enseigné l’exégèse du Nouveau Testament, la patristique, etc.), à L’institut supérieur d’études œcuméniques et, bien qu’à la retraite, au Centre théologique de Poitiers en formation permanente (Diplôme universitaire d’études théologiques, DUET). « J’aime beaucoup retrouver ces étudiants, très motivés. Les gens sont très divers, de l’institutrice en disponibilité, au moine, en passant par la jeunesse de l’Eglise évangélique libre. Les discussions y sont riches et dérangeantes ».

Écriture

Sa dernière publication est une introduction « grand public » à la Bible. « Ce qui fait sens, c’est le livre dans son ensemble ». À force de la lire petits bouts par petits bouts, que ce soit dans nos célébrations ou tous les jours avec des listes de lectures suivies, nous risquons de rater la mise en perspective. Yves-Marie Blanchard a l’habitude de dire que le bibliste fait de l’alphabétisation.

 

Que ce soit à l’université ou en catéchèse, la finalité est la même : « donner envie d’entrer dans l’intelligence de l’Écriture ». Il est un grand spécialiste de l’évangile de Jean. À force de le côtoyer, il a acquit la certitude qu’il n’est pas le dernier écrit et qu’il n’est pas plus difficile. Il est centré sur la personne du Christ. L’évangile de Jean peut être lu comme un polar, avec ses suspens et ses retournements de situation. L’auteur de l’évangile nous dit que Jésus est le seul habilité à interpréter ses propres signes puisqu’il prend la parole pour donner des explications. Cela ne sert à rien d’ajouter des théories, il faut donner au lecteur des clés pour entrer plus facilement dans l’intrigue.
Si à plus ou moins long terme, les religions s’effondrent, il restera le texte, la parole ne passera pas. L’œuvre littéraire dépasse l’histoire et c’est l’arme absolue contre les fondamentalismes. Personne ne peut dire « j’ai le texte », c’est un don de Dieu.

Œcuménisme

Yves-Marie Blanchard a aussi été prêtre en paroisse et très vite confronté au dialogue œcuménique. Il a été membre des comités mixtes catholique orthodoxe et catholique protestant pendant plus de vingt ans. Mais c’est au groupe des Dombes qu’il vit pleinement l’œcuménisme dans le débat théologique et biblique, la prière et la fraternité. Il est actuellement responsable de l’œcuménisme du diocèse de Poitiers et anime une fois par mois une réunion prêtres-pasteurs, aujourd’hui étendue aux prédicateurs « amateurs ». « C’est dans le travail biblique commun que naît la fraternité, nous dit-il. Quand je regarde en arrière, je mesure tout le chemin qui a été fait et les amitiés profondes qui sont nées entre catholiques et protestants. Je suis plutôt optimiste : les Églises sont pauvres et ont de plus en plus besoin des autres. Nous arrivons à l’âge adulte : on n’a plus besoin de se découvrir, mais il faut ensemble ouvrir les dossiers » (qui fâchent ?). Enfin, il faut multiplier les évènements symboliques pour que l’œcuménisme sorte des cercles d’initiés et deviennent « populaires ».
C’est alors qu’il me montre avec fierté, la médaille qui a été frappé pour les 500 ans de la Réforme (2017) et qui lui a été remise par François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France.

Stéphane Griffiths

Commentaires