Cap au large

Voyage à Augsbourg, capitale de l’œcuménisme

01 avril 2017

Fin octobre, un groupe œcuménique de Bourges a traversé la frontière française, direction l’Allemagne et la ville d’Augsbourg. Un membre de l’Église réformée de Bourges-Vierzon raconte ce séjour entre visites et spiritualité.

Depuis plusieurs années, catholiques et protestants organisent des échanges avec la ville d’Augsbourg jumelée avec Bourges. Ces échanges avaient été relancés à l’occasion de l’anniversaire de la confession d’Augsbourg en 2005 par les catholiques de la paroisse du Sacré-Cœur et de la cathédrale.

Une association pour faciliter les liens

L’histoire œcuménique d’Augsbourg a interpellé ce groupe : la paix d’Augsbourg accorde en 1555 aux souverains des territoires de l’Empire le libre choix de la religion. Et c’est là où à eu lieu la signature de la déclaration commune sur la justification par la foi en 1999. Au retour de ce voyage ils prirent la décision de tisser des liens avec les protestants. La venue des Augsbourgeois en 2006 fut l’occasion de mettre en œuvre un projet œcuménique local.
Depuis, des échanges ont lieu tous les deux ans par alternance, et des liens d’amitié se sont créés entre les différentes familles hôtes.

 
Le groupe des Berruyers et des Augsbourgeois
© Florent Sonzogni

C’est ainsi qu’en octobre dernier, un groupe de vingt-cinq personnes a rejoint Augsbourg pour un séjour d’une petite semaine, logé chez l’habitant. La particularité de ce voyage venait du fait qu’il était organisé, pour la première fois, par la nouvelle association : Association œcuménisme sans frontière, née en mars 2016. Il était apparu évident que, pour approfondir les liens et pour des problèmes d’organisation, une association permettait de se structurer et d’avoir une existence légale.
L’Association œcuménisme sans frontière a la volonté de promouvoir toute action œcuménique dans le Berry et à l’international en s’appuyant sur le jumelage.

Ottmaring, une cité pilote

La ville d’Augsbourg est impressionnante par son architecture et ses grandes avenues. On y respire tout de suite une atmosphère de calme, de paix et de bon vivre, bien qu’elle soit très animée. 
Plusieurs visites étaient programmées dont celle du centre œcuménique d’Ottmaring, créé en 1968, qui nous a le plus étonnament surpris pour le vivre ensemble. Ce centre rassemble la communauté Focolari et la fraternité de la Vie Commune fondé par des diacres réformés. Cité pilote qui comprend un centre de spiritualité et vingt-cinq bâtiments, le centre abrite environ 120 membres de confessions différentes pour une vie communautaire et œcuménique caractérisée par une diversité d’appartenance ecclésiale dans un esprit de réconciliation. 
La chapelle œcuménique est un lieu qui n’est pas ouvert au public mais que nous avons eu le privilège de visiter.
Après un service religieux célébré en commun dans la chapelle catholique, un déjeuner pris avec les membres de la communauté a précédé un moment de rencontre et d’échanges.

L’anniversaire de la Réforme

Autre temps fort du voyage, la rencontre avec le pasteure Suzane Kasch, doyenne d’Augsbourg, avec qui nous avons évoqué les débuts de la Réforme et les commémorations du 500e anniversaire. Augsbourg et Bourges ont prévu de commémorer cet événement avec le même objectif : avancer vers une plus grande communion entre les chrétiens. En Allemagne cet anniversaire est un événement historique, culturel et religieux qui sera célébré le 31 octobre 2017. Il sera, pour la première fois chômé dans toute l’Allemagne, alors que c’est le cas tous les ans à Augsbourg.
Nous avons également visité la splendide église Sainte-Anne avec son grand orgue et ses magnifiques tableaux dont trois de Cranach. Ancien couvent des Carmes fondé au XIVe siècle, il accueillit Luther en 1518 venu défendre la Réforme à Augsbourg.

Cette église devint protestante en 1548 et les salles où Luther séjourna ont été transformées en musée. Une chapelle funéraire catholique de la famille Fugger, très riches marchands de l’époque,se trouve à l’intérieur de l’église.

La réception par le maire adjoint dans une magnifique salle aux dorures étincelantes de l’hôtel de ville, complètement détruit lors de la dernière guerre et reconstruit à l’identique, a permis de se rendre compte combien cette ville avait à cœur de renforcer les échanges et en particulier avec Bourges.

 

Réception à l'hôtel de ville. De gauche à droite :
Corinne Vaillant, présidente de l'Association
oecuménisme sans frontière, et Jean-Pierre Seguin,
vice-président © Angelika Krause

Les Fugger, précurseurs des logements sociaux

Nos pas nous ont amenés à visiter un autre édifice, l’église Saint-Moritz de style baroque. Détruite lors des bombardements, cette église a été entièrement restaurée. Elle a la caractéristique d’être entièrement blanche et de n’avoir aucun vitrail, seul une grande statue du Christ sauveur les bras ouverts accueille les visiteurs. Elle appartenait à la famille Fugger qui nommait le prêtre.
Cette famille a aussi créé en 1500 le plus vieil ensemble de logements sociaux du monde existant encore. Entouré d’une grande muraille, cet ensemble constitue une cité dans la cité avec ses propres services administratifs, son église et sa maison de retraite. Chaque habitant dispose d’une petite maison d’un étage et d’un petit jardin pour un loyer d’un euro. Les habitants doivent être catholiques et doivent réciter quotidiennement un Pater, un Gloria et un Ave pour éviter le purgatoire à la famille Fugger.
Le séjour a été clôturé par une prière œcuménique à l’église luthérienne Sainte-Ulrich et une soirée festive dans la salle paroissiale au cours de laquelle nous avons offert deux kamishibais (technique de comptage basée sur des images que l’on fait défiler dans un petit castelet) que notre pasteur, Angelika Krause, a présentés en faisant une démonstration très appréciée destinée aux catéchètes.
Ces échanges entre nos communautés permettent de renforcer toujours un peu plus ce rapprochement tout en ne mettant pas en cause notre appartenance à une communauté d’Église, mais en continuant de défendre nos valeurs qui sont communes à tous les chrétiens, valeurs que l’on trouve dans l’Évangile.
Ces rencontres permettent de nous délivrer de nos rancunes passées et de nos préjugés et de nous conduire vers la paix et l’unité par la prière.


Plaque dans le monastère carmélite Sainte-Anne
où a séjourné Martin Luther du 7 au 20 octobre
1518, durant ses entretiens avec le chargé du pape,
Cajetan © Évelyne Nicollin
   
Église Saint-Moritz
© Florent Sonzogni
Jean-Pierre Seguin

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