Chine

Une année 2018 sous surveillance pour les Églises

01 février 2018

Dans l’ouverture relative qui a caractérisé la décennie passée en Chine, les Églises ont approfondi leur maturité et leur réflexion sur les ministères. Leur influence a grandi au sein de la société ainsi que leurs relations avec les autres Églises dans le monde.

Alors que beaucoup de développements dans les Églises de Chine peuvent sembler prometteurs pour l’avenir, 2018 les place dans une situation d’affrontement potentiel avec le pouvoir, alors que les dirigeants chinois resserrent leur main mise sur tous les secteurs de la société, y compris la religion. La façon dont les Églises feront face à l’avenir dépend de la façon dont elles réagiront à un certain nombre de facteurs.

 

Régulations religieuses

La loi de régulations religieuses qui a été signée en août dernier entre en application ce 1er février. Ces régulations ont été vigoureusement renforcées ; elles pourraient sévèrement impacter les activités des Églises non enregistrées en imposant des amendes lourdes aux dirigeants de ces Églises ainsi qu’à ceux qui accueillent des Églises de maison. Les dispositions contenues dans cette loi pourraient également affecter les publications religieuses ainsi que les activités Internet, ainsi que poser des limites aux croyants cherchant à voyager à l’étranger pour des études ou pour participer à des conférences. La dureté avec laquelle les autorités nationales et locales mettront en œuvre ces dispositions donnera une indication claire sur la façon dont le Parti entend traiter avec les Églises à l’avenir.

 

Une sinisation renforcée

La sinisation est devenue une clé majeure dans la politique religieuse actuelle tant le Parti cherche à renforcer les valeurs de la culture et des croyances chinoises traditionnelles tout en cherchant à minimiser l’influence et les éléments étrangers. Certaines Églises protestantes du Three-self patriotic movement - TSPM (Église née en 1954 et aujourd’hui l’une des plus grandes Églises protestantes du monde, basée sur trois piliers d’auto-gouvernance, d’indépendance financière et de mission menée par soi-même, en refus de toute ingérence impérialiste étrangère) ont d’ores et déjà mis en œuvre des cours sur les classiques confucéens. Reste à voir jusqu’où les dirigeants ecclésiaux seront prêts à aller dans cette direction, mais aussi jusqu’où les autorités renforceront le sentiment anti-chrétien, considérant le christianisme en soi comme une donnée étrangère.

 

Célébration dans une Église clandestine de Tianjin (© DR)

Divisions entre dénominations

Différentes dénominations continuent à former le mouvement des Églises non-enregistrées, enrichissant la réflexion doctrinale, l’enseignement et l’organisation ecclésiale mais mettent également au jour les divisions théologiques qui séparent les différents groupes chrétiens. De nouvelles alliances entre dénominations pourraient les renforcer dans leur réponse à cette sinisation renforcée. Mais leurs différends sur la question du rapport aux autorités religieuses pourraient aussi considérablement les fragiliser.

 

Une mission en croissance

Les efforts missionnaires des Églises de Chine connaissent une véritable croissance. Selon l’un des principaux dirigeants du plus vaste réseau d’Églises en Chine, ces Églises ont envoyé plus d’un millier de missionnaires à l’étranger en 2017. Les dirigeants des Églises de Chine vont devoir faire des choix stratégiques en 2018 au sujet des structures de formation et de soutien de missionnaires, mais également dans leurs relations internationales.

 

Des étrangers sous surveillance

Les chrétiens étrangers en Chine font face à une nouvelle réglementation sur les ONG étrangères votée en 2017. Les régulations religieuses compliqueront également fortement la possibilité pour des étrangers de travailler au service d’Églises en Chine. La façon dont les étrangers résidant en Chine s’adapteront à cet environnement plus restrictif et dont ils pourront travailler avec les croyants chinois éclairera l’avenir de la coopération des missionnaires étrangers en Chine.

 

Brent FULTON,
China Source

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