Fédération protestante de France (FPF)

Un nouvel élan

01 mars 2017

Pour sortir par le haut de la crise, suscitée au sein des courants évangéliques et réformés du protestantisme français par le débat sur la bénédiction des couples de même sexe mariés, la Fédération protestante de France a clarifié les liens qui unissent ses membres à l’occasion de son assemblée générale.

Il y a un an, les tensions dans le protestantisme français étaient vives. En cause, la décision de l’Église protestante unie de France (EPUdF, luthéro-réformée) de mai 2015 de permettre la bénédiction des couples mariés de même sexe, qui avait cristallisé des désaccords profonds au sein de la Fédération protestante de France (FPF). Cette option, rejetée par de nombreuses Églises évangéliques au nom de leur théologie, avait été ressentie par ces dernières comme une blessure.

L’Assemblée générale annuelle de la FPF, qui se tenait à Paris samedi 28 et dimanche 29 janvier, semble avoir marqué le dénouement d’une des plus graves crises qu’elle ait traversées depuis sa création, en 1905. Au terme d’un processus de réflexion sur le lien fédératif, articulé autour d’un questionnaire distribué à ses membres en janvier 2016, un groupe de travail composé de huit représentants d’Églises a remis un rapport qui devait être débattu à cette occasion. 

La crise évitée
Adoptée à la quasi-unanimité, la résolution sur le lien fédératif a suscité un soulagement et un enthousiasme peu habituels. Très satisfait non seulement de cette issue mais aussi de la « densité et de la qualité » des échanges, le président de la fédération François Clavairoly assure que l’assemblée a vécu « un moment exceptionnel ».

La fédération, qui compte une trentaine d’unions d’Églises, dont près d’un tiers d’évangéliques, a donc décidé de se recentrer « sur sa mission de coopération et de représentation commune du protestantisme français », rappelant ainsi que les liens qui unissent ses membres ne sont pas ceux d’une union d’Églises. 

Une mise au point nécessaire
Enfin, la résolution prévoit de renforcer « l’ancrage local », c’est-à-dire de favoriser les liens à d’autres échelons que celui de la fédération.

Pour le pasteur Laurent Schlumberger, président de l’EPUdF, membre historique de la FPF, un tel aggiornamento était nécessaire. La fédération a connu de profonds changements à partir des années 1970, avec l’intégration de plusieurs Églises évangéliques. « En deux générations, des écarts se sont creusés, sans mise à jour du logiciel », synthétise-t-il.

L’accueil à la cène
La mention de « l’accueil mutuel à la Sainte Cène » incluse dans la charte de la fédération était au cœur des difficultés et avait incarné le blocage. D’un côté, les luthéro-réformés, considérant que la communion est donnée par le Christ, ne voyaient pas d’empêchement à accueillir sans restriction les évangéliques, tandis que pour ces derniers, partager la Sainte Cène devait justement être le signe d’une pleine communion et posait donc des problèmes. « La formulation de la charte était ambiguë, car on pouvait imaginer qu’il y avait une obligation à se recevoir les uns les autres », relève Valérie Duval-Poujol. L’assemblée générale a précisé la lecture qui devait être faite de cet accueil, à savoir celle d’« une invitation ». Il s’agira désormais de traduire cette interprétation dans les textes de la fédération et dans la pratique.

En savoir plus

http://www.la-croix.com/

D’après un article de Marie MALZAC
La Croix, le 30/01/2017

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