Aumônerie des prisons

Regard rétrospectif

01 juin 2019

Depuis bientôt un an, Alain Sorba, aumônier régional, propose des aperçus du monde carcéral au travers du travail des aumôniers. Il livre ce mois-ci une petite rétrospective de son expérience.

 

En prison, les vies sont décapées
©Pixabay

 

Ce n’est pas le plus frivole des sujets : la prison, c’est l’austérité et l’absence de joie. Et pourtant j’ai pu constater, en les côtoyant de près, que tous mes collègues aumônières et aumôniers connaissent une vraie joie à exercer ce ministère. Besoin de donner un sens à sa vie ? Volonté de répondre à l’appel du Christ formulé dans l’évangile de Matthieu (ch. 25, v. 36) ? Peut-être, mais mon expérience personnelle me pousse à trouver la source de cette joie dans l’authenticité extrême de nos rencontres avec les personnes détenues : en prison, les vies sont décapées et aucun fard ne peut en modifier la vérité. Bien sûr, il y a encore et toujours des dénis, des pudeurs ou des tentatives de dissimulation, mais les chemins de traverse sont vite impraticables.

Il me faut ajouter aussi que, pour accueillir la confidence (pour ne pas dire la confession), il faut être prêt à la recevoir. Et, sans démagogie aucune, je peux affirmer que tous les membres de l’équipe sont dotés de cette qualité et j’en suis très reconnaissant.

Autre aspect du bilan : les relations avec l’Administration pénitentiaire. Dans toutes mes rencontres, j’ai observé que les chefs d’établissement et leurs adjoints étaient très attentifs à notre travail et témoignaient leur gratitude pour notre contribution à l’apaisement des tensions, toujours inévitables en milieu fermé.

Enfin, à ceux qui me trouvent trop indulgent ou bienveillant envers les personnes détenues : ne m’en tenez pas rigueur ! Et soyez assurés que tout aumônière ou aumônier que nous sommes, nous continuons à mesurer la lourdeur du crime et la blessure des victimes.

Alain Sorba,
Aumônier régional

 

Commentaires