Billet d'humeur ( Les textes sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs)

Pour/contre : la bénédiction de couples à l’occasion d’anniversaires de mariage

01 mars 2017
Rendre public ce qui ne l’est pas

Les demandes de célébrations à l’occasion d’anniversaires de mariage me mettent mal à l’aise. Mal à l’aise car souvent, les couples expriment une demande sociale qui, à mon sens, est de l’ordre de la tradition. De ce point de vue, un anniversaire de mariage est un point de repère utile, certes, pour rassembler les membres de sa famille et les amis. Il devient aussi un moment pour se souvenir. Pourquoi faut-il à tout prix faire de ce moment un lieu de céleébration liturgique ? N’est-ce pas une récupération de donner à ce besoin humain de se retrouver un sens religieux ?

 J’entends bien l’idée souvent avancée que c’est l’occasion de témoigner et de remercier Dieu. Mais quand celui-ci n’est que rarement associé à notre quotidien et parfois pas du tout, n’est-ce pas hypocrite de profiter d’une date, fût-elle solennelle, pour se souvenir de Lui et attendre une parole de bénédiction ?

Pour moi, fêter un anniversaire de mariage, c’est entretenir la nostalgie d’un instant précis mais passé, c’est synonyme de compter les années passées au lieu de se tourner vers le futur !

Autre chose, certains textes proposés à cette occasion semblent plus centrés sur l’expérience du couple présent, avec le risque d’autocélébration ou de service à la carte. Certes, une célébration n’est jamais désincarnée mais Dieu reste le premier servi et ce, malgré les joies ou les difficultés du couple.

Je rappelle enfin que la tradition est d’organiser une fête pour les anniversaires importants (10, 20, 30 ans...) et de se souhaiter les autres en amoureux. Dans ce cadre, le culte dominical (ou un autre jour selon l’organisation de chaque Église locale), qui rassemble la communauté paroissiale reste à mes yeux le lieu privilégié pour porter le couple dans la prière d’intercession. 

Mayanga É. Pangu

Témoigner de son parcours

Je me souviens des quelques demandes de bénédictions de couples à l’occasion d’anniversaires de mariage que j’ai pu recevoir lors de mon ministère en paroisse. Il s’agissait souvent pour ces couples, après entretien, de demandes de célébration pour dire sa reconnaissance à Dieu pour le temps passé ensemble.

Je retiendrai deux éléments. D’abord, s’il y avait bien, au centre, un geste de bénédiction demandé, en fait, l’essentiel était ailleurs : dans l’assemblée. En effet, ce jour là sont présents, et auditeurs attentifs, ceux qui ne pouvaient pas être présents le jour du mariage : enfants et petits-enfants. La dimension de témoignage du couple à ce moment-là est important : Voici comment Dieu nous a accompagnés toutes ces années. Vous n’étiez pas là pour le voir. Aujourd’hui, nous en témoignons et lui redemandons sa bénédiction.

Ensuite, je n’ai jamais eu de demandes récurrentes par le même couple. Il s’agissait souvent d’un moment central dans une fête de famille ponctuelle plus large comme à l’occasion de Noces d’Or. D’ailleurs, la liturgie, à inventer avec les époux, ne reprend qu’apparemment celle de la bénédiction de mariage. Dans celles qui m’ont été demandées, il n’y avait pas d’échange de vœux. À la place, je me souviens de textes de chacun des époux relisant le parcours effectué avec l’autre, redisant son amour et demandant la bénédiction de Dieu pour les années qui s’ouvraient.

Il s’agit, pour moi, d’un exemple de ces moments charnière de l’existence où l’Église a une parole à annoncer, sans doute en inventant des formes liturgiques nouvelles. 

Frédéric Genty

Commentaires