Éthique et responsabilité

PMA-GPA, un sujet toujours d’actualité

01 octobre 2019

Une conférence publique sur le thème de la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestion pour autrui), thème de société sensible, s’est déroulée en mai dans le temple de Poitiers.

Le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) composé de quarante membres, scientifiques de haut niveau, représentants désignés par divers ministères, juristes, journalistes, et de cinq personnalités appartenant aux principales familles spirituelles a donné en septembre 2018 un avis favorable à l’ouverture de la procréation médicale assistée aux couples de femmes et un avis négatif sur la gestation pour autrui. Le parlement doit adopter en 2019 un projet de loi très attendu par les associations LGBT.
Roland Poupin, pasteur, a souligné que dans la Bible la Loi était donnée à l’homme, qu’il n’en était pas l’auteur et que la Déclaration des droits de l’homme de 1789 était inscrite sur des tables de la Loi sous les auspices de l’Être suprême.

Alain Claeys et Béatrice Birmelé © Danièle Gasse

 

Prendre le temps du débat

Les deux intervenants qui se sont succédé étaient Alain Claeys, maire de Poitiers, rapporteur de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, et le docteur Béatrice Birmelé, directrice de l’ERERC (Espace réflexion éthique région Centre-Val de Loire). Ils ont apporté des informations très précises et ont placé l’assistance face à la complexité des problèmes de bioéthique suscités par les pouvoirs sur la vie de plus en plus importants que donnent la science et la technologie.
À travers les propos d’Alain Claeys et de Béatrice Birmelé, l’auditoire a pu saisir la difficulté de la législation soumise à trois critères : droit à la recherche, droit du patient et valeur de la dignité humaine. Il en est ressorti la nécessité de prendre le temps du débat, de la réflexion lorsqu’est en jeu un choix crucial : en particulier droit à l’enfant ou droit de l’enfant, notamment de connaître ses origines.
Les problèmes induits par la PMA sont multiples : entre autres celui de la filiation, de l’anonymat ou non du donneur de gamètes, celui des embryons surnuméraires, de leur statut : personnes potentielles ou cellules utilisables pour la recherche ?

Dépasser les affrontements polémiques

Par son expérience, Alain Claeys, coauteur de la loi Leonetti, témoigne du sérieux du travail parlementaire et du dépassement des oppositions politiques lorsqu’il s’agit de la bioéthique. Il juge que ce type de loi exige recul, sagesse et amélioration toujours possible. Quant à la GPA, elle entraîne une marchandisation du corps de la femme, aussi n’est elle pas envisagée dans la législation française. Subsiste en revanche le problème des enfants nés par GPA à l’étranger.
Béatrice Birmelé a rappelé que la France n’avait rayé l’homosexualité des maladies psychiatriques qu’en 1981 et l’OMS en 1990. On mesure l’évolution de ces dernières années puisque maintenant le modèle familial « un père, une mère » est remis en question. Les États généraux de la bioéthique organisés par le CCNE en 2018 ont constitué un véritable débat citoyen (280 débats recensés) incluant un site web participatif. S’ils n’ont pas abouti à un vrai consensus, les rencontres ont cependant permis de dépasser les affrontements polémiques.
Béatrice Birmelé a insisté sur le lien indispensable entre l’autonomie du sujet et sa responsabilité et préconisé un accompagnement pour la prise de décision des couples.
« Quel monde voulons-nous pour demain ? », telle est la question que pose le CCNE et que chacun doit se poser en relation avec autrui et à travers le regard de Dieu.

Danièle Gasse

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