Grain de sable

Pas de bergers ?

01 février 2017

Incompréhension, doute, moquerie, confiance, admiration, publicité… Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jésus, à la fin du chapitre 9 de l’évangile de Matthieu, suscite des sentiments contrastés !

C’est comme aujourd’hui. Mais le regard de Jésus sur les gens, lui, est univoque : À la vue des foules, il en eut compassion, car elles étaient lassées et abattues comme des brebis qui n’ont pas de bergers (Mt 9.36). Comme aujourd’hui, donc ?

L’État

L’Israël biblique était à la fois un peuple et une Église. Ce n’est pas le cas chez nous aujourd’hui. La constatation de Jésus s’applique-t-elle alors aux dirigeants de l’État, c’est-à-dire aux politiciens, ou bien à ceux de l’Église, c’est-à-dire aux pasteurs et autres Anciens ? Même pour notre pays, je serais tenté de répondre : les deux, même si ce n’est pas de la même façon que les uns et les autres font paître le troupeau (le même troupeau ?).

Pour ce qui concerne l’État, vous le direz bien par votre vote ce printemps ! Mais ne soyez pas comme les gens devant Jésus : en politique, il n’y a aucun sauveur, même votre candidat préféré (quel qu’il soit). Donc personne à moquer, et personne à aduler, vous vous en rappellerez, n’est-ce pas ?! Par contre, vu de leur côté, nos hommes et femmes politiques feraient bien de se souvenir qu’ils sont des bergers, et non pas des chefs de clans ; qu’ils sont là pour faire paître des brebis et non pas pour s’en repaître. Leur premier mouvement, comme celui de Jésus, ne devrait-il pas être la compassion ?

L’Église

Premier mouvement aussi qui devrait être celui des responsables d’Église, pasteurs et conseillers, catéchètes, prédicateurs et diacres (et pas seulement de ces derniers). Trop souvent, les responsables d’Église se prennent soit pour des politiciens, soit pour des administrateurs, soit pour des militants. C’est bien, il en faut aussi ! Mais le ministère ecclésiastique ne consiste pas en cela. Il consiste en compassion, il consiste à être des bergers au nom de l’unique vrai berger, Jésus, qui nous envoie et nous en donne la consigne. C’est à lui que nous avons à en rendre compte, et nombreux sont les textes bibliques qui indiquent qu’il ne sera pas forcément indulgent…

Car aujourd’hui encore, nombre de gens de nos paroisses et alentour sont lassés et abattus comme des brebis qui n’ont pas de bergers. Loin des projets d’Église et autres cahiers des charges, loin des déclarations de foi impossibles à écrire ou à entendre, les gens sont comme la Samaritaine de Jean 4, ils ont soif, et qui leur dira où trouver la source d’eau vive ? N’est-ce pas le rôle des bergers ? Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme… (Ps 23).

À force d’être des intellos, nous avons fini par essayer d’apprendre aux gens à trouver tout seuls la source, au lieu de les y mener. Nous rendons la tâche facile aux loups, sans même avoir besoin de nous en protéger (cf. Jean 10.12-13). Nous sommes sans compassion. Mais il n’est pas trop tard, non ? Quoique… Le vrai berger vient bientôt.

62253.png Légende photo : Le Bon Pasteur, Jean-Baptiste de Champaigne

© Domaine public

David Mitrani

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