Oser nos limites afin que tous y trouvent leur compte dans l’Église

01 février 2017

Lors du Synode régional à Saintes, une petite brochure a été présentée et distribuée : Oser nos limites. Élaborée par une équipe œcuménique, elle veut aiguiser le regard des Conseils presbytéraux et des membres de nos Églises : quelle place pour des personnes en situation de handicap ?

L’accessibilité des locaux vient souvent à l’esprit quand on pose cette question. Mais les questions de fond et des expériences concrètes méritent d’être davantage partagées. Un exemple : à l’ouverture du culte, nous affirmons d’une manière ou d’une autre Dieu [nous] a convoqués pour espérer voir à l’œuvre le pouvoir intégrateur de la foi. Parler de Dieu-Père, de la fraternité, n’est-ce pas cela ?

De vraies difficultés

Que l’assemblée dominicale ait du mal à se laisser transformer par ce pouvoir intégrateur se voit moins durant le culte-même mais au moment des temps informels qui suivent. Ainsi, la brochure dépeint des situations vécues toute à fait ordinaires : Lorsqu’un coup d’œil peut voir l’isolement, au moment de l’apéritif après le culte, de la personne aveugle ; ou encore lorsqu’un couple se relaie pour être là chacun à leur tour pendant que l’autre garde à la maison le grand adolescent IMC (infirme moteur cérébral) qui ferait trop de bruit pendant le culte.

Dans un premier temps, ces situations décrivent de vraies difficultés. Il appartient à nos communautés de les poser en tant que telles. Car à travers un tel questionnement, toute notre théologie est en jeu. Notre conviction que Dieu abolit les distinctions qui nous séparent se trouve interrogée.

Des expériences innovantes

La brochure invite à regarder ce qui se passe, concrètement. Car les auteurs sont convaincus que la perception des limites permet d’aller de l’avant (sans de faux « yaka »). Car la personne malvoyante au milieu d’un brouhaha convivial vit une limitation réelle. Et vice-versa : les personnes qui conversent joyeusement entre elles vivent également un moment marqué par leurs propres limites : elles ont du mal à imaginer ce qui se passe quand quelqu’un ne peut pas faire le lien entre une voix et un visage. Et puis, comment peut-on tenir son verre dans la foule sans l’aide de la vue ? Existe-t-il d’autres perceptions de l’espace ?

Percevoir et nommer les limites des autres constituent des étapes élémentaires. Mais une fois arrivés là, les lecteurs de la brochure peuvent se régaler d’expériences innovantes et créatives ! Une exposition sur la place de chacun, avec des chaises colorées dans des places publiques ou des chaussures remplies de symboles parlants, peut donner des pistes pour faire des pas ensemble.

Ce n’est pas la limite en soi qui est scandaleuse, mais c’est l’attitude qui veut gommer ou ignorer certaines barrières. Avancer ensemble se fait pas à pas. Parfois on a besoin d’une halte, d’une réflexion. Reprenons du souffle.

Il ne s’agit pas d’un plan d’action, mais d’un partage d’expériences modestes et contagieuses. Oser nos limites devant Dieu. La foi en Jésus-Christ garde intact son pouvoir intégrateur, peut-être du fait même que nous osons regarder nos limites humaines à ce propos. Du même coup nous oserons davantage dépendre de Dieu.221563.png

En savoir plus

Si cette démarche vous intéresse, vous pouvez télécharger la brochure sur le site de « Handicap et Églises ». Pour aller plus loin, vous pouvez également inviter Isabelle Bousquet ou Angelika Krause pour animer un échange sur ces questions.

Angelika Krause

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