De France et d'ailleurs

« Monte le son ! »

09 novembre 2017

C’est ainsi que l’on pourrait traduire le titre de la rencontre des communicants d’Église qui s’est tenue à Paris du 20 au 22 septembre, organisée par la Conférence des Églises européennes (KEK), en partenariat avec la Fédération protestante de France (FPF) et la Fédération des Églises baptistes de France (FEEBF).

Le but de cette rencontre était d’abord de créer un réseau de communicants d’Église à l’échelle européenne et interconfessionnelle, afin de leur permettre de se rencontrer et d’élaborer des stratégies de communication communes. Car même si les défis ne sont pas toujours les mêmes selon les pays et le contexte majoritaire ou minoritaire des Églises, toutes sont confrontées à la sécularisation, à un bas niveau de culture religieuse dans la société en général mais aussi à la montée de réflexes identitaires, qui se cristallisent parfois autour de la religion. Aussi ont-elles besoin de « Monter le son » pour se faire entendre dans le concert médiatique.

Consommateurs et non acteurs

Le 20 septembre était consacré à faire connaissance : apprendre à connaitre le contexte français et les défis que posent la laïcité en matière de communication religieuse, apprendre à se connaître entre participants. Lors d’une première table, Christian Albecker, président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) a retracé les origines et l’évolution du concept de laïcité, soulignant son lien avec la liberté de conscience. Marc Deroeux, président de la Fédération des Églises baptistes de France (FEEBF) a souligné que la sécularisation était un problème en ce qu’elle transformait les croyants en consommateurs et non plus en acteurs de l’Église. J’ai souligné pour ma part les défis que constituent une laïcité « identitaire » qui fait explicitement référence aux racines catholiques de la France sans promouvoir les valeurs du christianisme, et l’avènement de nouvelles communications basées sur la réactivité et la mise en scène de soi, pour des protestants « classiques » plutôt adeptes d’une parole mesurée et méfiants envers les images. 

@FPF

Les échanges se sont poursuivis ensuite. Il en ressortait la grande disparité de la couverture médiatique sur le fait religieux suivant les pays. Cela se traduit aussi au niveau des préoccupations sociétales portées par les Églises comme le travail du dimanche, la bioéthique ou les droits des minorités religieuses ; préoccupations relayées par les représentants et les médias de certains pays et très peu par d’autres.

Témoins et responsables

Le lendemain, David Douyère, professeur de communication à Tours, a présenté le travail de communication de la Conférence des Évêques de France autour de plusieurs axes : susciter le désir de connaître le message évangélique, réinterpréter pour aujourd’hui la foi de toujours et encourager le témoignage personnel. L’après-midi était consacré à la visite du siège de journal La Vie et à une rencontre avec son rédacteur en chef, Jean-Pierre Denis. Le 22 septembre, Grace Davie, sociologue des religions à Exeter, a souligné qu’en même temps que l’Europe de Ouest devient de plus en plus sécularisée, l’Europe de l’Est voit l’influence du Christianisme croître dans l’espace public. Plus généralement, elle constate que, paradoxalement, en Europe, plus la pratique religieuse est faible dans un pays, plus la religion est présente dans les médias. Les Églises ont alors une responsabilité pour corriger les raccourcis et rétablir les faits. Cette rencontre a réuni plus de 50 personnes de toute l’Europe et de toutes les confessions, ce qui en fait un succès.  Le réseau ainsi créé devrait maintenant se réunir annuellement.

 

Pasteure Claire Sixt Gateuille,
relations internationales ÉPUdF.

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