Cap au large

Mission en Guadeloupe

01 janvier 2018

Bertrand Vergniol, secrétaire général du Défap (Service protestant de Mission), et Stéphane Griffiths sont allés à La Guadeloupe visiter une maison paroissiale début septembre entre deux ouragans.

Irma avait épargné l’île mais pas Saint-Martin et Saint-Barthelemy… Ma famille m’avait dit que j’étais fou d’aller dans l’œil du cyclone, mais que ne ferait-on pour aller visiter des frères et des sœurs ! Quelques jours plus tard est venu l’ouragan Maria, qui s’est avéré beaucoup moins sévère et qui n’a pas fait de gros dégâts en Guadeloupe.
 

Envisager la suite

À la sortie de l’aéroport, nous retrouvons Jan. Il est là avec un cousin à lui, sorti du même avion. Il est parti de France avec du matériel pour aller aider ses parents victimes d’Irma à Saint-Martin. Il doit prendre la mer ce soir, si tout va bien, pour convoyer tout ce matériel et passer deux semaines au milieu des décombres avec ses parents. Nous revoilà avec notre mauvaise conscience mais, durant ces trois jours passés là-bas, l’ouragan ne nous quittera pas. Il est au cœur des conversations quand nous dînons le soir dans la maison paroissiale. Mais il faut aussi se réjouir de ce projet abouti puisque nous sommes venus pour cela. Le Service protestant de mission-Défap et la Fondation pour le protestantisme ont participé à la construction de cette maison qui doit servir de maison paroissiale et qui permet aussi de donner à l’Église locale une adresse.  
Réunion de travail. On aperçoit Bertrand Vergniol en face, à gauche © Stéphane Griffiths

C’est important d’avoir une adresse, c’est comme d’avoir un nom, une façon d’être, d’exister. Nous la visitons, nous y installons nos affaires, nous partageons, avec les amis de là-bas, l’espoir d’une vie d’Église plus facile. Le dernier pasteur y a vécu un mois avant de partir à la fin de l’été. Nous sommes aussi ici pour envisager la suite et mesurer les besoins dans la perspective de la venue d’un nouveau pasteur.
Du temps du service militaire, des aumôniers aux armées avaient implanté l’Église réformée de France ici. Et puis dans les années 1990, il n’y a plus eu de service militaire et plus de pasteur. Alors le Défap a pris le relais pour ne pas abandonner les quelques protestants historiques qui ne se retrouvaient pas dans les nouvelles Églises évangéliques qui arrivaient de partout. De nombreux pasteurs se sont succédés, Claude Gillet, Pascal Hickel, Jean-Pierre Anzala, parmi tant d’autres.

Récolter des fonds

 Dimanche matin, je fais le tour du quartier. Nous sommes dans une zone commerciale, hypermarché et grandes surfaces spécialisées. Pas très sexy mais nous dirons que c’est là qu’est la vie. Le terrain qui abrite la maison appartenait à une communauté de sœurs qui y ont aussi leur maison et une chapelle qui accueille les cultes. Le projet est de racheter cette maison qui est grande et la chapelle pour y faire aussi un lieu d’accueil. L’association d’entraide, Men a espwa (« la main de l’espoir ») doit y faire un lieu d’accueil de détenus sortant de prison. Une mission américaine, Global Ministries, donne également un coup de main. Et cela en lien avec l’Église, puisque le pasteur est aussi aumônier des prisons. Mais, pour cela il faudra récolter des fonds et l’horizon est à moyen terme. En attendant, les paroissiens arrivent pour le culte, portant les paniers plein des victuailles qui seront partagées au repas. Ils sont métropolitains, travaillant sur place, ils sont d’ici, ils sont aussi malgaches et africains sub-sahariens, une foule colorée et heureuse de se retrouver, comme on est heureux dans n’importe quelle journée d’Église. La prière est fervente et les chants toniques, accompagnés par le clavier et le hautbois.
Après le repas, la discussion s’organise autour de la vie de l’Église, on nous raconte les études bibliques, la chorale, les liens avec l’Église de la Martinique dont cinq conseillers presbytéraux ont fait le voyage. On y parle des projets et des envies de vivre ensemble. On prépare l’anniversaire de la Réforme.

 Annoncer l’Évangile

À la nuit tombée, nous allons nous baigner et boire le ti’punch au bord de l’eau à Sainte-Anne. Les gens parlent de cyclones avec le même détachement qu’en métropole, ce n’est qu’à 250 kilomètres mais l’angoisse du prochain est bien présente.
Avant la réunion du lundi après-midi avec les deux Conseils de Guadeloupe et Martinique, nous prenons la voiture pour la Pointe de la Grande Vigie en passant par Morne-à-L’eau, Anse Bertrand et Petit Canal où nous montons les marches des esclaves. Là, les mangroves tentent de retenir la mer.

   
Grande Vigie © Stéphane Griffiths

 

Les marches des esclaves © Stéphane Griffiths
  Le mardi, jour de notre départ, je souhaite voir Basse-Terre, ses cascades et ses forêts primaires. Nous ne pourrons pas aller jusqu’à la soufrière. Nous nous rabattons sur Pointe-à-Pitre et l’architecture de ses vieux quartiers où les maisons coloniales en triste état et les halles du marché aux épices où les marchands harceleurs font fuir les touristes.
Après la réunion avec les paroissiens en charge des travaux pour régler les derniers points financiers restant entre l’Église des Antilles et le Défap, nous repartons à l’aéroport. Ce que nous garderons en souvenir ce sont les hommes et les femmes rencontrés et l’Évangile annoncé tout là-bas comme ici avec la même envie de suivre le Ressuscité.

 

Stéphane Griffiths

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