À la rencontre de

Marianne Dubois

01 janvier 2020

Marianne Dubois est pasteure stagiaire à l’Église protestante unie de Nantes depuis septembre. Séduite par l’ambiance des messes auxquelles ses parents l’emmenaient, elle affirma un jour du haut de ses cinq ans : « Je voudrais devenir prêtresse ».

Ses parents ? Un couple mixte, précise la jeune femme. Non pour signaler une hétéro-parentalité encore assez commune, mais la rencontre d’une foi paternelle catholique et d’une foi maternelle protestante issue (échappée ?) d’un darbysme intransigeant ; le tout dans le cadre d’une paroisse catholique des plus ouvertes, au point de provoquer sa normalisation par voie épiscopale.

Une réorientation universitaire

L’ambition de Marianne enfant puis adolescente suite à la rencontre d’un diacre, avait été douchée par le rappel des impossibilités inhérentes à son sexe.

 
Marianne Dubois © Christian Barthélémy

Quand sa famille, lassée par le nouveau conservatisme catholique, décida de rejoindre la paroisse réformée de Chartres, elle y trouva… une pasteure ! Et les graines timides de l’appel commencèrent à germer doucement.
Apparemment, pas de révélation à la Claudel près d’un pilier du temple. Marianne, bac en poche, choisit une école (privée) de communication, qui eut le mérite de lui signifier clairement ce qu’elle ne voudrait jamais faire : la « comm’ » et l’argent n’étaient pas pour elle. Et dans le désarroi d’une nécessaire réorientation, Dieu appela cette jeune Samuel, qu’il n’avait jamais perdue de vue : « Et si tu faisais des études de théo ? ».
Marianne écouta et accepta. L’Institut protestant de théologie, moyennant un travail soutenu, lui ouvrit tout un champ de découvertes dans un bonheur constamment renouvelé. Ainsi qu’un environnement fraternel estudiantin, avec qui elle explora les différents lieux du protestantisme parisien ; avec curiosité et sans œillères… « Il y a du bon dans chaque courant de la diversité protestante », souligne-t-elle.

Des expériences concrètes

Mais se posa bientôt la question, sous l’égide à la fois intimidante et bienveillante de la Commission des ministères : pasteure ou pas ? Marianne pensait que oui. Paradoxalement, ses copains incroyants trouvaient que c’était une voie qui lui ressemblait. Sa famille se montra plus circonspecte : dans la mixité spirituelle qui avait prévalu jusque-là, c’était un choix marqué. Les grands-parents darbystes, rétifs devant le ministère féminin, tiquèrent. Et puis, ce drôle de métier, chiche en revenus, mais dévoreur de temps, était-ce bien raisonnable pour une entrée dans la vie adulte, surtout quand une vocation si juvénile empêche une autre formation « de secours » au cas où ?
Mais Marianne persista et quelques expériences concrètes confrontèrent les acquis universitaires au feu de la réalité : la responsabilité des premiers cultes, une suffragance estivale en Savoie, par exemple, qui la fait rêver d’un ministère au pied des montagnes.
Aujourd’hui, c’est une pasteure potentielle qui se déclare ouverte à toutes les facettes d’une Église dont elle n’ignore pas les différences, pour ne pas dire les fractures. Autant d’occasions pour elle de jeter des ponts pour garder l’unité dans l’essentiel. Demain, une paroisse pour le proposanat ? Oui, quelque part, Marianne ne veut pas trop savoir où ni s’inquiéter du lendemain. À chaque jour suffit sa peine… (Mt 6.34) et Marianne dans sa jeune foi a le présent heureux.

Jean Loignon

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