Nouveau Testament

Les relations homme-femme

01 février 2018

Si les auteurs du NT interprètent la différence des sexes, la hiérarchisent souvent et concluent parfois à la domination du masculin, voire à l’effacement du féminin, tous s’efforcent de traduire dans leur monde l’Évangile de libération qui les fait vivre.

Les textes du NT émergent dans des contextes historiques où les relations entre hommes et femmes sont codifiées par les traditions issues du judaïsme et la culture gréco-romaine. La distance qui nous sépare de leur milieu de production nous impose donc le détour de l’interprétation critique. Prenons acte qu’aucune loi divine sur la relation homme-femme n’est transmise directement par le NT et cherchons dans la pluralité de ses écrits et de ses langages quelques éléments de réflexion.

 

Dans le NT, pas de pensée unique à reproduire, mais un effort d’interprétation à poursuivre

(© pixabay)

Dans les évangiles

Si aucun d’eux n’élabore de discours sur la condition de l’homme et de la femme, tous racontent la prédication et les gestes opérés par Jésus. Sa parole puissante et agissante libère les hommes et les femmes des systèmes religieux, politiques et culturels qui les retiennent prisonniers jusque dans leur corps et leur cœur. Jésus parle et les clivages tombent. Il touche et les hiérarchies se renversent. Par lui, Dieu reconnaît chacun dans la singularité de son histoire. Ce qui divise, écrase et étouffe est crucifié en Christ.

Jésus, héritier de Thamar, Ruth et les autres, se laisse influencer par une Syro-Phénicienne, compte des femmes parmi ses disciples, discute avec une veuve en concubinage, s’invite chez deux sœurs et confie le message pascal à une éplorée. Les évangiles racontent le grand chambardement : Jésus redresse l’individu, homme ou femme, face à Dieu. Et la reconnaissance du sujet – indépendamment de ses qualités naturelles et culturelles – impacte les relations homme-femme. L’existence chrétienne ouvre à l’autre, appelle à la reconnaissance mutuelle placée sous le signe de l’égalité.

 

Paul et la génération après lui

Paul, lui le premier, s’emploie à inscrire la reconnaissance du sujet devant Dieu dans le monde. Les définitions normatives entre Juif et Grec, esclave et libre, homme et femme ne fondent pas l’existence chrétienne. Être reconnu fils ou fille de Dieu marque le début d’une vie nouvelle à interpréter dans son propre contexte. Des hommes et des femmes, aux responsabilités ecclésiales et missionnaires équivalentes, interrogent Paul sur quelques cas. Il faut user d’intelligence et de lucidité, leur répond-il : proclamer la parole reçue et saisir les occasions pour témoigner de sa puissance libératrice. Paul ose l’interprétation et puise à une argumentation plus sociologique que théologique. Pas de décret incontestable, mais que la parole de reconnaissance du sujet soit entendue ! Voilà la mission de l’Apôtre. Après lui, d’autres s’attellent à la tâche.

Malgré les résistances des générations suivantes, l’Évangile poursuit son œuvre d’émancipation des individus. Homme ou femme, le sujet est rendu libre pour, en vue de. Reconnu sujet, il devient capable de regarder l’autre dans le respect de son altérité et d’œuvrer avec audace et intelligence à une mixité heureuse dans le monde qui est le sien.

 

 

 

Céline ROHMER,
professeur de Nouveau Testament, Montpellier

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