un mot, une vie

"Les petits"

18 février 2017

« Laissez venir à moi les petits enfants » (Marc 10,13). Tel était en somme le mot d’ordre du pasteur Jean-Frédéric Oberlin, pasteur alsacien qui a dédié sa vie à l’éducation et a particulièrement développé la pédagogie.

Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826) a laissé une empreinte profonde dans l'histoire du protestantisme alsacien.

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Né à Strasbourg, il a étudié la théologie, s'est formé en médecine, en philosophie, et surtout en pédagogie, en étant précepteur, avant d'accepter le poste peu envié de pasteur du Ban de la Roche –une paroisse isolée dans la montagne vosgienne, une vallée enclavée, au climat rigoureux, une population pauvre, peu cultivée, comprenant mal le français... Oberlin s'est toujours montré attentif aux « petits » –en particulier aux enfants. Sa foi ardente, nourrie de la piété morave, l'amène à prendre en charge des problématiques bien terre à terre, comme celle de l'instruction des enfants.
Création d’écoles
Des écoles se tiennent dans les villages de la vallée, mais la classe se fait chez l'un des habitants, ou chez le maître d’école : il n'y a pas de "maison d'école". C'est l'une des premières réalisations d’Oberlin : construire une école ! Mais il lui faut pour cela faire face aux réticences des paroissiens eux-mêmes. Oberlin s'engage à ce que cette construction ne coûte rien aux gens du Ban de la Roche... et fait l'audacieux pari que l'argent nécessaire sera trouvé à mesure des besoins, grâce à Dieu –et à la générosité des amis et des connaissances de Strasbourg ou d'ailleurs.

Lycée Oberlin à Strasbourg@internet

Oberlin ne se contente pas de la construction d'une école ; il veille à ce que chaque village de sa paroisse ait la sienne, et cela prend parfois de longues années. Il est connu pour être à l'origine des premières écoles maternelles : les « poêles à tricoter ». Il engage des jeunes filles du Ban de la Roche pour en faire des « conductrices de la tendre enfance ». Son épouse leur enseigne les ouvrages de femmes : couture, tricot, broderie –des choses inconnues dans cette région à cette époque. Et ces « conductrices » transmettent leur savoir aux enfants des villages alentour, tout en leur racontant des histoires bibliques, en leur apprenant les noms des plantes, en les faisant chanter et jouer. L'attention aux « petits » se traduit chez lui par un engagement incessant pour l'amélioration des conditions de vie de ses paroissiens - cela passe aussi bien par la réparation et l'entretien des chemins, que par l'amendement des sols pour la culture des pommes de terre ou par la mise à disposition de tous d'une bibliothèque, proposant tant des ouvrages pratiques que des traités de théologie.

En savoir plus

« Le Seigneur Jésus-Christ se déclare ici le grand ami, le protecteur des enfants [...] Aimons-les comme Jésus les aime, c'est à dire pas pour les gâter ni eu égard à notre propre intérêt, mais pour les faire devenir éternellement heureux. [...] Recommandons-les sans cesse à notre Père céleste pour qu'Il les garde des séductions du monde et du malin esprit et qu'Il les conduise par son Saint-Esprit. Gardons-nous soigneusement de donner scandale à un enfant » (Sermon sur les enfants, 1784).
« Il y a quatre choses que nous devons à nos enfants : la discipline, l'instruction, le bon exemple, la prière ».

Nadine Py,
pasteure de l'Eglise protestante unie de France, à Castres.

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