Pensées cévenoles

« Le jeu de la vie »

01 janvier 2019

Il a neigé hier et cette nuit. Une neige fondue. Les marches des escaliers en bois sont blanches. Les arêtes des pierres et des murs sont soulignées de blanc. Pas de vent. La Terre a l’air de s’être arrêtée dans l’espace. Pas de cris d’oiseaux. Pas d’aboiements de chiens. Hâches et tronçonneuses restent silencieuses. Les habitants réfléchissent à l’organisation de leur journée. Le feu dans la cheminée ronronne.

Il a neigé hier et cette nuit. Une neige fondue. Les marches des escaliers en bois sont blanches. Les arêtes des pierres et des murs sont soulignées de blanc. Pas de vent. La Terre a l’air de s’être arrêtée dans l’espace. Pas de cris d’oiseaux. Pas d’aboiements de chiens. Hâches et tronçonneuses restent silencieuses. Les habitants réfléchissent à l’organisation de leur journée. Le feu dans la cheminée ronronne. Cela fait deux jours qu’il s’entraîne. Les toits et les arbres s’égouttent au rythme de la montée du soleil dans le ciel. C’est la petite pendule de la cuisine qui rappelle que la vie avance.

L’homme de ma combe resserre et charge le feu. Assis sur la pierre du foyer, il s’abandonne au plaisir de la peau de son visage qui se chauffe, jusqu’à ce qu’il ait la sensation que celle-ci rétrécisse et tire sur les os.

Le feu de cheminée ronronne (© domaine public)

Le grand bol de thé chaud réveille l’estomac. Celui-ci gargouille et dialogue avec les craquements et les plaintes du feu. Le silence suinte entre les pierres. Les arbres, débarrassés de leur feuillage, respirent enfin. L’homme erre dans les bois. Il marche prudemment. Il se méfie des branches glissantes et traitres, cachées sous les feuilles.

Depuis quelques jours, il rumine un livre qu’il lit laborieusement : « L’insoutenable gravité de l’univers » de Gabriel Chardin (Le Pommier). Clin d’œil à Milan Kundera de la part de l’auteur car « la gravitation » reste un mystère et ne dispose toujours pas d’expression quantique.

Dans un chapitre de ce livre, il est question de savoir si l’Univers peut être un ordinateur ou du moins, son équivalent (référence à Ed Fredkin) : « Pour illustrer le fait qu’un programme d’ordinateur est à même de simuler n’importe quelle situation, Fredkin emploie comme exemple « Le jeu de la vie » de John Conway. Sur une échelle cartésienne à deux dimensions, chaque site qui peut être vivant (1) ou mort (0) évolue de la façon suivante :

            -Tout site vivant comptant zéro ou un voisin vivant meurt (sous population) ; 

            -tout site vivant comptant deux ou trois voisins vivants survit ;

            -tout site vivant comptant plus de trois voisins vivants meurt (surpopulation) ;

            -tout site mort avec exactement trois voisins vivants devient vivant (naissance) ;

            -dans tout autre cas, un site mort reste mort…

L’Univers est vu comme un calcul et une simulation ; il pourrait en fait, être équivalent à une sorte de programme… »

Là-haut, dans son hameau qui se meurt, l’homme compte un voisin vivant…

Le Tay des cimes

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