Des racines aux fruits - n° spécial

La Réforme et mon engagement citoyen

31 mars 2018

Un engagement a toujours besoin d’un surplomb ou d’un surmoi pour s’exprimer durablement. Au nom d’une espérance en un monde qui ne soit pas figé ni rivé à un conformisme rassurant. Éprouver le sentiment que le monde qui nous est offert est sous notre responsabilité et que notre vie est une réponse permanente à une demande qui nous est faite. Dont on ne sait pas très bien d’où elle vient ! Sinon que protéger sa petite personne en ignorant l’Autre est d’une vanité totale dans tous les sens du terme.

© DR

  La Réforme m’aura appris que la vie qui nous est donnée pour un temps est sans cesse tournée vers le désir du futur et que nous sommes des êtres qui passent le témoin que nous avons reçu. Être responsable et assumer que nous ne pouvons sans cesse renvoyer sur l’autre nos faiblesses et nos couardises. Personne ne témoigne pour le témoin dit Paul Celan. Ce qui signifie que celui qui témoigne n’a personne pour justifier son témoignage. C’est l’humilité du Christ homme dans les Écritures qui m’a toujours semblé la plus porteuse de sens et de vérité.

Sa plainte ultime sur la croix est, pour moi, le témoignage le plus fort d’un engagement qu’il a mené jusqu’au bout. La religion Réformée est un ferment permanent pour notre faiblesse d’homme en nous ouvrant paradoxalement et simultanément à une incertitude sur les moyens concrets de ce ressourcement et à une certitude sur son existence.
Aller vers l’Autre est un chemin aussi court que long, sans cesse menacé par les a priori, les mots d’ordre, les courts-circuits, les cultures superficielles ! La Réforme, que j’ai mis ma vie entière à tenter d’intégrer, m’aura aidé à plus écouter que parler, à plus aimer que haïr. Je ne me sens pas dépositaire d’une foi « raisonnable », mais je me sais relié, dans ma misère d’homme, à une essence qui me dépassera toujours. 

Didier Sicard,
Médecin et ancien président du Comité consultatif national d’éthique

Commentaires