La place de la musique et son évolution en Église
La musique occupe une place importante en Église. Elle peut avoir un effet apaisant sur l’assemblée. À travers la musique, l’Esprit saint permet de préparer les personnes venues au culte à l’écoute et la réception de la Parole de Dieu et de créer ainsi un cadre propice pour une réflexion et une prière personnelles dans la suite de la prédication.
Le temps de chant permet à l’assemblée de prendre une part active dans les célébrations ecclésiales : louer Dieu en musique, prier en musique, se confesser et rendre grâce à Dieu, témoigner de Dieu et s’encourager les uns les autres en musique.
Un moment d’unité
Le chant est aussi un bon outil pédagogique, l’enseignement biblique exprimé en musique s’apprend plus facilement et reste en mémoire longtemps.
Le temps de chant en assemblée est un fort moment d’unité, quand nous entonnons tous d’une même voix le même refrain.
C’est aussi une occasion de montrer notre amour pour notre prochain, quand nous mettons nos goûts et nos sensibilités personnels de côté un court instant, pour pouvoir chanter avec notre frère ou notre sœur dans un style qui n’est pas forcément le nôtre mais qui l’inspire, lui est compréhensible et lui permet d’exprimer sa louange à Dieu.
La musique dans la Bible
L’approche musicale a connu d’importantes évolutions au cours de l’histoire ecclésiale. Si nous remontons encore plus loin, dans les Écritures, entre l’Ancien et le Nouveau Testament la musique n’occupait pas la même place.
Dans l’Ancien Testament, nous entendons régulièrement l’exhortation à chanter à l’Éternel, pour louer ses mérites, pour annoncer ses bontés au monde. Dans plusieurs livres nous remarquerons la mention des instruments musicaux qui accompagnaient les rassemblements, les marches militaires et les fêtes d’Israël. Et c’est dans le corps de l’Ancien Testament que se trouve tout un livre de psaumes !
Dans le Nouveau Testament, la musique est peu mentionnée. Nous sommes appelés à adorer Dieu, mais plutôt « en esprit et en vérité » (Jean 4.24). Paul, dans son épître aux Colossiens, les exhorte à s’instruire et s’avertir les uns les autres « en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels », chanter pour le Seigneur de tout leur cœur sous l’inspiration de la grâce (Colossiens 3.16). Mais rien ne suggère un style musical à privilégier pour accompagner ces psaumes et cantiques. Nous ne trouvons pas non plus dans les écrits du Nouveau Testament de précisions concernant les formes musicales utilisées lors des rassemblements des premiers chrétiens.
Les poèmes du Réveil
Au xvie siècle, les avis sur le chant et la musique dans les célébrations chrétiennes sont bien plus tranchés. Si Luther fait composer de nouveaux chants prêchant l’incarnation, la croix et la résurrection pour remettre le Christ au centre du culte (les chorals luthériens) en les accompagnant de divers instruments musicaux, Calvin au contraire insiste sur le chant des psaumes sans aucun accompagnement et à l’unisson, pour ne pas détourner l’attention de l’assemblée de la Parole et de la gloire de Celui qu’elle est en train de louer.
Au xixe siècle, durant le temps du Réveil de l’Église, de nouveaux cantiques sont créés dont les paroles ne sont pas bibliques mais sont des poèmes exprimant la foi, l’espérance et la confiance des fidèles.
De nouveaux cantiques à créer
Aujourd’hui, nous sommes héritiers de tout ce répertoire historique de la Réforme, de ses psaumes et chorals ainsi que des cantiques du temps du Réveil. Dans les cultes protestants, nous pouvons aussi entendre chanter des cantiques créés au sein des Églises évangéliques à la fin du xxe siècle.
Et en même temps, face aux évolutions de la société, aux nouveaux défis qui émergent, nous aspirons à la création de nouveaux cantiques qui témoigneraient de notre espérance dans un langage compréhensible pour le monde d’aujourd’hui. Cette tâche, cependant, n’est pas des plus aisées. Comment choisir, dans la multitude des styles musicaux existants, pour que de nouvelles compositions soient adoptées par nos assemblées extrêmement hétéroclites dans leurs origines, leurs traditions ou leurs âges ? Est-ce une question de style ? Nous avons encore à trouver les réponses en tant qu’Église.