Edito

La paille de la paix

11 octobre 2017

Ce matin, en écoutant la radio, mes oreilles se dressent. L’animateur du 7-9, Nicolas Demorand, réagit à un article de la presse. En évoquant cette tribune de Louis-Georges Tin, Président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN), le journaliste utilise l’expression suivante : « sans jamais voir la poutre dans l’œil de la France ». Une expression biblique ! Et, une fois n’est pas coutume, utilisée fort à propos.

Ce matin, en écoutant la radio, mes oreilles se dressent. L’animateur du 7-9, Nicolas Demorand, réagit à un article de la presse. En évoquant cette tribune de Louis-Georges Tin, Président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN), le journaliste utilise l’expression suivante : « sans jamais voir la poutre dans l’œil de la France ». Une expression biblique ! Et, une fois n’est pas coutume, utilisée fort à propos.

Célébration du racisme

Lors des événements de Charlottesville fin août, le président Donald Trump avait renvoyé dos à dos les militants pour les droits de l’homme et les adeptes de la White Supremacy, les fils de Martin-Luther King d’un côté et ceux du Ku Klux Klan de l’autre. Ses propos avaient suscité l’indignation de la presse hexagonale. Le président du CRAN ne regrette nullement cette réaction. Mais il souhaiterait que sa lucidité l’amène à voir la poutre française en ce domaine. Louis-Georges Tin rappelle qu’il y a encore en France une célébration insidieuse du racisme. S’il n’y a pas de lycée Louis-Ferdinand Céline, ni de place dédiée au Maréchal Pétain, et c’est heureux, nous avons un cours Balguerie-Struttenberg à Bordeaux, pour en rester à une ville de notre sud-ouest. Et ce n’est pas la seule à célébrer la mémoire d’un négrier. Une trentaine de rue sont concernées : la rue Baour, le Cours Portal, la rue Saige, la rue David Gradis, la rue Gramont, la place Lainé, la rue Colbert… Un personnage qui a d’ailleurs une statue devant l’Assemblée nationale alors même qu’il est l’auteur d’un « Code noir » réglementant « l’état et la qualité des esclaves » et le fondateur de la funeste Compagnie des Indes Occidentales ayant en charge la traite des noirs.

Acceptation de soi

Voir la poutre dans son œil avant même de discerner la paille qui est dans celle du frère, du voisin, n’est pas une démarche culpabilisatrice. Par cette invitation, Jésus veut enrayer le cercle infernal du mépris qui passe par l’échange de « mots doux ». Se regarder soi-même, avec ses faiblesses et ses défauts, à l’échelle d’un individu comme d’un pays, est possible en s’appuyant sur la grâce de Celui qui nous accepte tels que nous sommes. Le plus dur est d’accepter d’être accepté pour ce que l’on est…Mais cela permet de vivre apaisé, pour soi, et sans doute aussi pour un pays.

En savoir plus

Ecouter 7/9 de NIcolas Demorand, du 28/08/2017.

Lire la tribune de Louis-Georges Tin, Président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France dans Libération, du 28/08/2017, "Vos héros sont parfois nos bourreaux"

Christophe Jacon.
Rédacteur en chef d'Ensemble.

Commentaires