L'ABEJ

Là où se trouvent les exclus

01 octobre 2018

Avant d’en devenir directeur général, Patrick Pailleux a été l’un des premiers bénévoles puis permanents de ce qui est aujourd’hui l’ABEJ-Solidarité, bien connue à Lille. Il revient sur cette aventure trentenaire au service de la grande exclusion.

Quand l’ABEJ est-elle née ? Et tout d’abord que signifie ce sigle ?

L’ABEJ - Association baptiste pour l’entraide et la jeunesse, aujourd’hui ABEJ-Solidarité - est née en décembre 1985 de l’intuition d’une paroisse baptiste face à la grande pauvreté dans le centre-ville de Lille. Au début des années 1980, nous avions un lieu d’évangélisation un peu particulier dans les rues du centre : un autobus à deux étages. On y accueillait les gens de passage. En décembre de cette année-là, on s’est dit que l’Église avait quelque chose à faire avec les problèmes sociaux que nous rencontrions.

Comment s’est concrétisée cette intuition ?

Nous avons acheté un autre bus et nous avons demandé l’autorisation à la mairie de le stationner en face de la gare de Lille-Flandres. La mairie l’a refusé, mais nous avons tenu bon ; il était important pour nous que nous soyons là où les personnes en grande pauvreté se trouvent. Dans ce bus, nous souhaitions offrir une prise en charge de la personne dans son ensemble. Jusqu’alors, si elles avaient besoin d’un sandwich, il leur fallait aller à la Croix Rouge, pour un abri pour la nuit à l’Armée du Salut, etc. Dans le bus, personnes d’accueil, travailleurs sociaux et médecins bénévoles travaillaient ensemble.

Comment s’est poursuivie cette aventure depuis plus de 30 ans ?

Au bout du deuxième hiver, nous avons décidé de ne pas fermer en mars et d’ouvrir 365 jours par an, 7 jours sur 7 et 24 h sur 24. Rapidement, nous avons construit des bungalows autour du bus pour développer l’accueil, avant d’acheter un bâtiment en 1989.

Aujourd’hui, l’ABEJ-Solidarité comporte une vingtaine d’établissements, plus de 300 salariés et 200 bénévoles. C’est une association œcuménique et nous recherchons un équilibre protestant-catholique dans notre gouvernance. Mais nous conservons ces intuitions premières : nous nous adressons à la personne dans sa globalité et nous devons être là où ces personnes ont besoin de nous. Non seulement dans nos implantations géographiques, mais également dans nos règles de fonctionnement. Par exemple, dans notre abri pour grands marginaux, l’alcool est autorisé. Sinon, ils ne franchiront tout simplement pas nos portes. Depuis 30 ans, nous essayons de nous adapter pour accompagner la grande précarité dans ses évolutions.

 

 

 

En savoir plus

L’ABEJ-Solidarité a toujours besoin de votre soutien, financier et en engagement bénévole :

ABEJ-Solidarité, Site Ulysse Trélat - Bâtiment Lewis Carroll, 76 rue de Lambersart, 59250 St-André-lez-Lille.

www.abej-solidarite.fr

Propos recueillis par Gérald MACHABERT,
journal Réveil

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