Chronique du Tay des cimes

La ligne « Imaginot »

17 janvier 2017

Faute de champignons, l'homme de ma combe va cueillir l'impromptu dans la presse, en l'occurrence le quotidien Le Monde et l'hebdomadaire Réforme.

Cette semaine, coup de cœur, il a découvert une jolie expression pour situer tous les Français qui mettent une barrière « invisible » entre eux et ceux qui les dérangent : « Les militants de la ligne "Imaginot" ».

Chemin faisant, il est tombé sur un mot coloré, la « glottophobie » (concept forgé par le sociolinguiste Philippe Blanchet) : « Avoir un accent, c'est parler de son pays quand on parle d'autre chose ». (B. Cerquiglini). Voilà une remarque réconfortante pour les méridionaux pour qui le français est une langue étrangère !

Autre ligne « Imaginot » pour ceux qui peuvent confondre « laïcité » et « laïcisme ». Et là, notre coreligionnaire, Jean Baubérot, nous aide à trier les bons [champignons] des mauvais : « Il ne faut pas confondre la sécularisation, qui désigne le mouvement d'une société, et la laïcité, qui est un principe politique… On ne peut pas imposer la sécularisation aux individus au nom de la laïcité de l'Etat ! »

Partons alors pour une laïcité égalitaire : « On ne peut pas à la fois soutenir les caricatures de "Charlie Hebdo" et dire que les religions doivent être discrètes dans l'espace public ». (Toujours J. Baubérot).

Malmenés par la crise et les médias en général, nous n'arrivons plus à distinguer le réel de la fiction. Prenons le « pessimisme » qui touche les Français. Alors que la France demeure l'un des pays développés les moins inégalitaires, nous constatons chez les Français un fossé entre « réalité objective » et « perception subjective ».

Perfide « amanite phalloïde », le « politiquement correct » ! Ligne « Imaginot » dont se servent les « docteurs » en beaux principes et bonnes intentions (autre « bobo » pour bourgeois-bohême). Dans le registre, que penser des statistiques ethniques dans les prisons ? « Elles ne sont pas une fin en soi mais un simple outil de la connaissance… N'est-ce pas l'invisibilité statistique des minorités visibles qui condamne les personnes de couleur, et avant tout les Noirs et les Maghrébins, à l'impossibilité de faire connaître leur droit à l'égalité ? » (Le sénateur, Jean-René Lecerf, est l'auteur, avec la sénatrice Esther Benbassa, d'un rapport d'information sur les prisons pour le Sénat).

Enfin, pour conclure, deux réflexions "cueillies" dans un article d'O. Abel et S. Daudé dans Réforme (Lutte contre les discriminations, de l'inaction à l'action.) ; « Personne n'a raison tout seul, il faut faire avec les autres… Etre des citoyens, ce n'est pas "consommer" de la démocratie, c'est la faire vivre pour tous. »

Le Tay des cimes

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