Cinéma

La dernière marche

05 mai 2017

Séquence nostalgie ? Pas du tout, mais besoin de remettre en lumière un film qui pour ancien qu’il soit (1995) n'en demeure pas moins une référence. Au moins en ce qui concerne l'essentiel des choses : la grâce qui change tout, même la mort ! Ce qui ne saurait nous laisser indifférents, nous protestants.

Quelques mots sur l’histoire. Matthews Poncelet est devenu un salaud. Un salaud ordinaire, un de ces petits blancs (aujourd'hui électeurs de Trump) qui a mal tourné : un bon p'tit gars aux fréquentations douteuses, un père ouvrier qui partage son temps à égalité entre bistrot et la ferme où il est ouvrier agricole, une mère débordée, toute dévouée à sa nombreuse progéniture... Un soir où il est saoul et drogué, il se laisse entraîner par un comparse dans une histoire terrifiante et révoltante. Ils vont violer et tuer un couple de jeunes amoureux. Condamné à mort. Sœur Hélène va accepter de l'accompagner dans ce couloir qui mène à la salle d'exécution. Quelques jours où plus rien de neuf ne semble pouvoir arriver : mort programmée, mort déjà-là. Et pourtant, l'impossible va survenir.

La grâce

La grâce fait son irruption, à partir d'une phrase risquée par la religieuse : « Matthews Poncelet, tu es fils de Dieu ! » Et c'est le départ d'un processus de conversion, de retour sur soi, de rédemption. Jusqu'à ce discours dernier, sur la table d'injection létale (on est en Louisiane) où il va demander pardon aux parents des victimes en disant : « … je voudrais que ma mort vous apporte un peu de paix ». Certes, le propos est un peu caricatural, le film condensant vingt ans d'expérience d'aumônier de prison. Et il ne suffit pas d'une phrase-déclic pour que change la vie. Et on discutera la perspective catholique : « la rédemption, ça se mérite... » Mais c'est aussi l'intérêt du film de faire réfléchir sur des questions centrales.

Une promesse

Néanmoins, tant par l'intensité dramatique que par le jeu extraordinaire de Susan Sarandon et Sean Penn, voici un film qu'il serait bon de (re)voir ensemble, en Église (pour grands ados et adultes). Voici un film qui nous redit que la grâce peut à tout instant, même quand il n'y a plus rien à attendre, entrer dans une histoire et la transformer. Voici un film qui peut faire réfléchir sur le ministère d'aumônerie de prison. Voici un film qui nous invite à inverser les identifications usuelles : et si c'était moi, le coupable. Qui viendrait à mon secours ? Renversement de la question : non plus qui est mon prochain, mais de qui suis-je le prochain ? Retournement évangélique, s'il en est ! (Cf. la parabole du bon samaritain). Les silhouettes des victimes, vues d'avion, bras en croix, se superposent à celle du condamné, bras écarté sur la table d'injection... Se dessine une autre silhouette, un certain Christ, en croix, visage de Dieu se laissant atteindre par l'extrême malheur, prenant le mal sur lui... Pour que même à l'instant de notre mort, résonne une promesse d'un possible... encore possible. Ça s'appelle Pâques, non ?

 

En savoir plus

Date de sortie : 27 mars 1996 (France)

Réalisateur : Tim Robbins

Scénario : Tim Robbins

Distinctions et récompenses : Oscar de la meilleure actrice.

Sélections : Oscar du meilleur acteur.

Résumé :

La Dernière Marche est un film américain réalisé par Tim Robbins, sorti en 1995, d'après le livre du même titre de Sœur Helen Préjean, religieuse américaine de l'Institut des sœurs de saint Joseph qui a exercé le ministère d'aumônier de prison pendant des années... L’histoire d'une rédemption.

Didier Fiévet,
Pasteur à Toulouse.

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