Liban

L’Église de Beyrouth espère toujours son temple

01 mars 2018

Depuis bientôt quatre ans, les cultes de l’Église protestante française de Beyrouth ont lieu au Collège protestant français, faute de temple. L’ancien bâtiment avait été détruit pour faire place à un nouveau projet immobilier associant activités cultuelles, sociales et culturelles, mais la procédure est bloquée.

Situé sur les hauteurs de Beyrouth, le temple des Hauts de la Colline était un bâtiment sobre et clair, entouré d’un grand jardin dont l’aspect paisible faisait oublier qu’il avait servi, au temps de la guerre civile, de champ de bataille à des milices rivales. Édifié en 1957, il était le cœur historique de l’EPFB, l’Église protestante française de Beyrouth, une petite communauté qui se trouve désormais, depuis bientôt quatre ans, sans temple. Les cultes sont accueillis par le Collège protestant français. Le projet de construction d’un nouvel édifice a pris du retard. Cette opération immobilière était destinée à assurer, à travers la vente d’une partie du terrain de 4600 m2 du temple historique, à mettre en œuvre un projet entièrement neuf, combinant centre cultuel et activités sociales et culturelles. Mais sans permis, difficile d’avancer...

 

Rencontre de François Clavairoly (FPF) et du président du Conseil suprême des Églises avec le président du Liban, Michel Aoun (© FPF)

« Petite communauté mosaïque »

Privée de temple, l’Église protestante française de Beyrouth, seule représentante francophone au sein du protestantisme libanais, n’en est pas moins une communauté qui se développe, sous l’impulsion du pasteur Pierre Lacoste, envoyé du Défap, et de son épouse Christine. Une croissance permise en bonne partie grâce au témoignage de l’Église auprès des employés de maison, une catégorie sociale particulièrement défavorisée au Liban : il s’agit surtout de jeunes femmes, attirées au Liban du fait de sa relative accessibilité et de son mode de vie occidentalisé vanté par les agences de placement. À côté des employées originaires d’Éthiopie, des Philippines ou du Bangladesh, il y a aussi des jeunes femmes francophones et protestantes venues principalement de Madagascar : elles sont 5000 environ parmi les 250 000 travailleuses domestiques présentes au Liban.

 

Rencontre avec le Conseil suprême

Cette petite communauté qui croît, cette Église aux activités diaconales dynamiques (la capacité à mêler activités religieuses et sociales est d’ailleurs une caractéristique fréquente des Églises libanaises) renforce le besoin d’un lieu où elle puisse se retrouver. C’est donc, notamment, pour relancer le projet immobilier toujours en attente qu’une délégation du protestantisme français s’est rendue en décembre 2017 à Beyrouth. À côté des rencontres avec le conseil presbytéral de l’EPFB et avec les différentes institutions impliquées directement dans ce projet, la délégation française a pu rencontrer un interlocuteur incontournable des Églises libanaises, le Conseil suprême des Églises.

 

Un projet architectural à modifier

L’importance de ce Conseil est révélatrice des spécificités de la société libanaise. Au Liban, la question confessionnelle est centrale au sein de l’organisation sociale et politique : les 18 confessions reconnues par l’État ont droit à une représentation à l’Assemblée nationale. Le président est traditionnellement un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite, etc. Le protestantisme est minoritaire (1 % de la population libanaise), morcelé, mais toutes ses composantes sont représentées par ce Conseil suprême, qui exerce une influence d’autant plus sourcilleuse sur les différentes Églises. L’EPFB, partie prenante du protestantisme libanais, dépend donc elle aussi de ce Conseil suprême.

 

Le Conseil suprême et le conseil presbytéral de l’EPFB insistent pour que l’aspect confessionnel du futur ensemble immobilier soit plus perceptible. La rencontre entre la délégation française et le Conseil suprême a donc abouti à la mise en place d’une commission de travail qui devra, en coordination avec l’architecte, modifier les plans.

 

Défap – Service protestant de mission

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