À la rencontre de

Jean-Luc Burnod

01 novembre 2017

Jean-Luc Burnod a choisi d’aller à la rencontre des détenus. Depuis trois ans, il est aumônier de prison à la maison d’arrêt de Bourges. Rencontre avec un homme qui vit sa foi au contact d’une population en quête de sens.

Jean-Luc a navigué dans diverses assemblées protestantes : évangélique, Assemblée de Dieu, tzigane… Il a finalement posé ses convictions, il y a une dizaine d’année, chez les réformés en raison de leur liberté de pensée, mais sans renier pour autant sa communion avec les autres sensibilités chrétiennes. Mes parents étaient engagés dans une secte, confie-t-il. Vingt ans dans ce milieu, ça marque…

Une participation variable

En 2012, le pasteur de sa paroisse lui propose de l’accompagner à la maison d’arrêt avec sa guitare. Pour diverses raisons, cela ne se fait pas. Mais deux ans plus tard, elle lui propose d’être aumônier de prison côté hommes. Entre temps, j’ai appris un peu mieux ce qu’était l’univers carcéral. Le Conseil presbytéral valide sa candidature, l’enquête judiciaire également.
Il suit une formation à Dijon puis Strasbourg sur les problématiques des milieux d’incarcération et la laïcité, rencontre le responsable de l’aumônerie régionale, et repart avec une documentation expliquant les droits et devoirs des aumôniers de prison. Depuis, il se rend à la maison d’arrêt un après-midi par semaine durant deux heures environ, pour des visites en cellules et un partage biblique dans la chapelle. La participation est variable, entre un et six détenus.

  
© Élisabeth Renaud

À une époque, un prévenu tzigane venait jouer et chanter avec ma guitare. Le nombre a grimpé à seize, se souvient-il. Les participants peuvent être de confession évangélique, catholique, musulmane ou même athées. Ils reçoivent tous une Bible qu’ils pourront emporter une fois la liberté retrouvée.

Une participation assidue

La plupart du temps Jean-Luc commence par lire un texte biblique. Les questions suivent. Face à leurs interrogations, je reviens toujours aux Écritures.
Parfois, il lui est demandé : Est-ce que Dieu interdit les idoles ? La réponse de Jean-Luc est logique : Si ta femme était présente dans la pièce, t’adresserais-tu à une photo vaguement ressemblante plutôt qu’à elle ?
Au sujet de la grâce de Dieu, l’aumônier a sa réponse : La grâce présidentielle ne peut être donnée que s’il y a eu condamnation. Avec Dieu, c’est pareil, Il ne peut gracier une personne qui ne reconnaît pas sa culpabilité en manifestant un vrai désir de changer. C’est ce que Jean-Luc a vécu lors de sa conversion. Avec son épouse, ils ne trouvaient pas les réponses à leurs questions dans leurs traditions religieuses respectives. Ils décident donc d’ouvrir leur Bible chez eux. 

   À l’unisson, ils découvrent les Textes au quotidien. Nous avons commencé par le pire, s’amuse-t-il à dire, le livre de Job. Nous avons compris, tel Job au chapitre 33, que nous devions apprendre à écouter Dieu car Il nous parle de bien des manières, mais nous n’y faisons malheureusement pas attention. Nous avons besoin qu’Il vienne ouvrir nos oreilles. Il peut nous changer si nous reconnaissons notre handicap. Dans cet univers clos, Jean-Luc se sent utile. D’ailleurs, l’assiduité des détenus à ses rencontres hebdomadaires en témoigne. Ma sensibilité évangélique me permet de comprendre les gens et de voir où ils en sont dans leur recherche spirituelle. Le fait également d’avoir fréquenté la communauté tzigane m’aide à échanger avec eux. 

 

Élisabeth Renaud

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