À la rencontre de

Jamal

01 mai 2017

Arrrivé à Calais en 2016, Jamal avait comme but d’aller en Angleterre et d’y reprendre des études en informatique. Dans l’espoir de faciliter son passage en Angleterre, il a dit qu’il avait 18 ans. C’est ainsi qu’il est arrivé au Centre d’accueil et d’orientation pour mineurs (CAO-Mi) à Préfailles où nous l’avons rencontré avec Sophie (voir article p. 27), et avec Pascal, un ami de notre communauté de Saint-Brévin.

Jamal est un jeune homme originaire du Darfour au Soudan. Il comprend assez bien l’anglais et peut s’exprimer dans cette langue. Dans son pays qui est en guerre depuis plus de trente ans, il n’avait plus d’avenir. Il a grandi dans une famille plutôt aisée, seul fils d’une fratrie de sept enfants, dans une maison assez grande. Ils étaient éleveurs. La famille a tout perdu. Leurs biens ont été pillés par les milices janjawids* que le gouvernement soudanais utilise pour appliquer sa politique de contrôle territorial. Le père de Jamal, comme la plupart des hommes, a été enrôlé dans l’armée et il y a trouvé la mort il y a huit ans. Jamal était alors âgé de 20 ans.

    
Jamal entouré de Sophie et de Pascal
© Pierre Geiser
 

L’exil forcé

Le risque était grand qu’il soit obligé à son tour de rejoindre l’armée soudanaise. Contraint et forcé, il a choisi l’exil. Nous avons partagé un repas avec les animateurs et quelques résidents. Ensuite, nous avons marché avec Jamal sur le bord de mer. Jamal a manifesté de l’intérêt pour l’Évangile. Nous avons pu l’encourager et même prier avec lui en demandant à Dieu de l’aider à trouver une bonne issue à sa situation.

Lorsque nous sommes revenus vers le centre, les animateurs étaient à l’extérieur, visiblement préoccupés. Pendant que nous étions sortis, un responsable départemental était venu leur annoncer que deux de leurs résidents, dont Jamal, allaient être transférés à Saint-Brévin, à une vingtaine de kilomètres, dès le lendemain. Les autorités avaient acquis la certitude qu’ils étaient majeurs. Les animateurs se demandaient comment ils allaient réagir. La semaine précédente, ils avaient déjà dû faire face à une situation similaire qui s’était assez mal passée. Ils nous ont demandé de rester un peu avec eux. Finalement, bien que Jamal ait été très surpris et déçu, il a accepté ce transfert. Pendant notre promenade, il nous avait avoué son âge (28 ans).

Une demande d’asile

Le lendemain, nous avons pu le revoir dans son nouveau lieu d’accueil. Les responsables lui avaient préparé sa chambre avec des petites attentions. Il s’est très vite adapté à sa nouvelle situation et quelques jours après, il m’a dit : Je suis en train de tourner la page. Il s’était inscrit pour des cours de français et envisageait sérieusement l’idée de faire sa demande d’asile en France. À Saint-Brévin la majorité des accueillis sont originaires du Soudan et même du Darfour. Grâce aux contacts avec Jamal et avec Sophie nous avons pu organiser la venue de Abdelaziz Baraka Sakin, un auteur également originaire du Darfour dont l’un des livres parle du « Messie du Darfour ».

Après un peu plus d’un mois de séjour à Saint-Brévin, Jamal vient à nouveau d’être transféré, à Nantes cette fois-ci. En effet, le CAO de Saint-Brévin devra fermer dans quelques semaines et Jamal sera plus proche de la préfecture pour attendre sa convocation afin d’être fixé sur le sort qui sera réservé à sa demande d’asile en France.

Nous restons en contact avec lui et espérons qu’il pourra trouver sa voie, à la fois sur le plan personnel et professionnel et aussi sur le plan de sa relation avec Dieu. Il sait que nous prions pour lui et nous en est reconnaissant.

Pierre Geiser

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