J’ai peur de la mort

Ce petit livre m’a valu un courrier et des recensions unanimement positifs et reconnaissants. Enfin, me disait-on, un chrétien, et même un pasteur, qui ne dore pas la pilule et dit sa peur de la mort. Pas simplement la peur de mourir, mais, océanique, une peur de la mort. Car trop souvent, en parlant du vieillissement et de la mort, on prononce des paroles édulcorantes. On se heurte à un déni. Qui n’a pas peur de la mort ? N’est-elle pas une « violence indue » (S. de Beauvoir) ? Certains disent penser surtout au désarroi de celles et ceux qu’ils vont laisser dans la tristesse et le deuil. Mais c’est là aussi, englobée dans une ouverture aux autres, une peur de la mort, non plus seulement mienne, mais nôtre.

Quand je contemple un nouveau-né, je ne sais rien de son avenir, si ce n’est qu’il mourra un jour. Cela dit, la peur de la mort donne à la vie, à chaque minute de notre existence, un prix et un poids exceptionnels. Chaque jour de plus est un jour de moins. L’éphémère est alors revêtu d’une vive intensité. « Carpe diem » (cueille le jour), me dis-je chaque matin, malgré le poids des larmes et des heures si sombres parfois. Oui, chaque minute a un prix unique, merveilleux.

Et la vie éternelle ? Je me trouve devant elle avec un « je crois », et non pas un « je sais ». Telle est la vérité exigeante de toute foi authentique avec ses convictions et ses doutes. Je me répète alors ces mots d’une prière adressée à Dieu par le pasteur Wagner : « Et de ce que j’aurai été, moi, pauvre apparence, ignorée de moi-même et réelle en toi seul, tu feras ce que tu voudras. [...] En toi je me confie. À toi je remets tout. »