Éloge du confit

01 juin 2020

On aura essayé tous les jeux de mots possibles, sur le confinement et les confinés. Le mot restera attaché à ce printemps 2020. Pour ma part,  je retiens que le « confit » a du bon.

Cette cuisson lente qui prend la matière en profondeur sans la dégrader, qui enserre tous ses parfums dans son jus ou son sirop, pour donner un met qui se déguste… plus tard, quand l’envie vous saisit : confits de canard ou de fruits, de légumes, d’ail ou d’herbes aromatiques !

 

Eh bien, confits… en dévotion, un certain nombre d’entre nous le devinrent, pendant ces deux mois ! Et demain, encore, il faudra revenir à la saveur particulière de ce temps d’enfermement et de murissement. Il serait indécent de n’en retenir que la formidable occasion de culture ou de spiritualité que ce fut, en oubliant la mort, la souffrance et les pertes matérielles de tant de nos concitoyens. Mais si nos engagements passent aussi par le goût qu’on en ressent, alors on devrait conserver… ces voix accordées, ces petits plats offerts, ces voisinages découverts, ces œuvres d’art exhumées, ces liturgies bricolées pour internet et ô combien partagées… bref, cet émouvant concentré d’humanité et de civilisation ! Un bocal à ouvrir par tous les temps, surtout ceux qui viennent, et à savourer ensemble sans modération.

Séverine Daudé
rédactrice en chef d'Échanges

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