Billet du Président du Conseil Régional

Déterritorialisation

05 mars 2019

Le mot est long. Mais ce n'est rien comparé à sa prononciation. Comme ce billet n'est pas là pour tester nos capacités à articuler, venons-en tout de suite à l’origine du terme.

C'est un concept créé par deux philosophes français, Gilles Deleuze et Felix Guettari, en 1972. Il a, depuis, été étudié et utilisé dans plusieurs domaines, et ce à maintes reprises. Je le crois pertinent pour approcher notre mentalité et nous interpeller dans l'élaboration de nos projets d'Église. On peut comprendre aujourd'hui la déterritorialisation comme l'absence d'ancrage géographique mais aussi d'ancrage de pensée dans notre monde contemporain. Nous bougeons beaucoup et dans tous les domaines : nos territoires familiaux, relationnels, nos repères, nos emplois… Les informations, les avis, les gilets fusent de tous côtés, s'entrecroisent et se contredisent. Les kilomètres, les continents sont à vol d'oiseaux ou à vol de webcam. Le côté pile de la médaille est plein d'espoir : l'émancipation, la découverte, l'intensité, la liberté. Le côté face est moins prometteur : l’identité, le sens, le besoin, le désir se perdent dans une course enivrante, le pays promis devient perdu, la boussole est comme l'homme, égarée. Un exemple. Lors de la deuxième journée mondiale des Solitudes (en janvier dernier), un sondage indiquait que 6 jeunes français sur 10 (les 15 à 35 ans) se sentent seuls. Dans ce contexte, le projet d'Église est de réactiver, de valoriser les liens, les bienfaits d'une communauté ouverte protestante. Il faut l’épousseter, lui redorer un peu son blason car notre individualisme à tout crin l'a abîmée. Une fois ce travail entrepris, nous offrirons à nos contemporains, comme à nous-mêmes, un lieu de halte et de ressourcement qu’ils recherchent. Comment faire ? Comment être ? Comment partager en communauté aujourd'hui ? Bonnes questions, dira la déterritorialisation !

Alain Pelissier,
Président du Conseil régional.

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