La Fondation Rollin

Depuis 150 ans au service des autres

01 avril 2017

En 1867, l’asile du Bon Secours ouvrait ses portes à Anduze, après deux ans de travaux. L’œuvre du pasteur André Rollin est toujours là et conserve tout son intérêt. Est-ce peut-être une éthique protestante de l’accueil et du secours ? Toujours est-il que, dans ce lieu de calme et de nature, enfants et personnes âgées trouvent un refuge à la porte des Cévennes. Un lieu hors du temps et en même temps ancré dans notre société. Un lieu où les mots chaleur humaine et accueil ont un sens.

À l’entrée d’Anduze, accroché à ses bancels, se trouve un parc. Lorsque l’on passe sur la grande ligne droite qui marque l’entrée de la ville, notre regard est attiré par ces hautes frondaisons. Mais le mystère reste entier. Un grand panneau indique la fondation Rollin. Après avoir franchi un immense portail, la route s’enfonce au milieu d’un parc superbe et magnifiquement entretenu. Douze hectares aménagés depuis plus d’un siècle abritent le repos de personnes âgées qui viennent là finir leurs jours, dans la quiétude et l’harmonie.

Le pasteur Rollin et son fils, initiateur du projet
©Nicolas Boutié

Qui est André Rollin ?
André Rollin est né à Anduze le 1er novembre 1787, au moment où était signé l’Édit de Tolérance qui redonnait un début d’existence légale aux protestants français. Brillant, il est consacré pasteur à 19 ans. Après avoir desservi quelques paroisses du sud de la France, il quitte celle d’Orange et part s’installer à Paris. De là, on le retrouve en Normandie, à Caen, où il participe à la construction de l’Église aux côtés de Charles Cook.

En 1863, désireux d’exaucer un vœu pieux de son fils, il entreprend la création, dans sa ville natale, de l’Asile du « Bon Secours ». Il veille sur la construction de ce « château des pauvres » et, le 23 avril 1867, il préside la cérémonie de la pose de la pierre commémorative. Il meurt le 24 juillet 1868 à Paris sans avoir pu connaître l’aboutissement de son œuvre.

Ainsi débute l’histoire de la Fondation Rollin qui est reconnue d’utilité publique le 19 décembre 1870.

La Fondation Rollin aujourd’hui
Si le lieu est ancré dans l’histoire, il a su évoluer et prendre de l’ampleur. À partir des années 60, les projets de rénovations et de constructions s’enchaînent. Depuis sa création, la Fondation Rollin garde les mêmes valeurs et le même fonctionnement : un conseil d’administration de douze membres, présidé par M. Thierry Balzagette, et une directrice, Mme José-Pascale Bruni.

Aujourd’hui la fondation c’est deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) qui accueillent une centaine de résidents à Anduze, aux Amandiers, construit en 1975, et aux Charmettes, construit en 2009. L’ancien « château des pauvres » a été reconverti en résidence pour personnes indépendantes avec 25 appartements. Il faut aussi compter l’EHPAD de Lédignan de 30 lits, le Mas des Oliviers.

Le fonctionnement de tous ces lieux d’accueil nécessite un personnel nombreux. Du côté médical, des infirmières, des aides-soignantes, une infirmière référente qualité, un médecin coordinateur entourent les pensionnaires. La maîtresse de maison veille au bien-être des résidents, l’ergothérapeute leur apporte une aide technique pour conserver un maximum d’autonomie et des animatrices leur donnent la joie. Pour la directrice, elles sont l’âme de la maison. Elle fait référence à l’étymologie latine du mot animatrice anima (âme).

Le personnel administratif tient aussi une place importante pour gérer les 120 salariés (CDI et remplaçant. e. s). Mme Bruni tient aussi à souligner le rôle du personnel technique qui répare tout, électricité, plomberie, petits dégâts et surtout qui entretient les douze hectares du parc.

Mais la Fondation Rollin c’est aussi des interventions extérieures. Le service infirmier à domicile (SIAD), encadré par une infirmière coordinatrice, intervient au domicile des patients à Anduze Lédignan et Lasalle.

Pour finir ce descriptif, il ne faut pas oublier la crèche qui accueille une dizaine d’enfants. Au départ, elle a été créée pour recevoir les enfants des employés. Aujourd’hui elle est ouverte aux enfants du bassin anduzien. Enfants et résidents se retrouvent pour des activités communes.

Temps de fête aux Charmettes
©Fondation Rollin

Une Fondation protestante
Pour le conseil d’administration et pour la direction, les valeurs protestantes de la Fondation Rollin sont importantes. Le côté spirituel de la Fondation est essentiel. C’est pour cela qu’il y a une aumônerie protestante, installée dans un lieu stratégique et de passage, aux Charmettes. Laure Lascombe en est la titulaire. Après avoir été aumônier dans différentes maisons de retraite protestantes, elle a pris son poste en 2012 à Anduze. Son rôle principal reste les visites aux résidents, le soutien des familles, les cultes, l’accompagnement des personnes en fin de vie. Elle ne fait pas de distinction entre les patients, elle est présente pour chacun d’eux s’ils le désirent. Un des liens forts que Laurence établit c’est celui qu’elle tisse avec les familles des pensionnaires. Eux aussi ont besoin de soutien. Il lui arrive parfois d’être aumônier du personnel.

Laurence coordonne les visiteurs bénévoles protestants et catholiques. De nombreuses cérémonies œcuméniques jalonnent l’année. Mais ce sont aussi des partages bibliques et des goûters-paroles-partages.

Au travers de ces rencontres et de ces témoignages, se révèle un lieu de paix, d’apaisement et de joie entièrement consacré aux résidents. L’âme du lieu est peut-être aussi donnée par l’empreinte de ce protestantisme social qui manque parfois.

Les Charmettes
©Nicolas Boutié

 

Nicolas BOUTIÉ
journal Le Cep

Commentaires