Rencontre chez les Vaudois

Découverte d'un douloureux passé

01 avril 2018

Du 15 au 18 février, une cinquantaine de paroissiens de l’Est Var a pu faire connaissance avec les protestants des vallées vaudoises du Piémont, situées à l’est du Queyras, côté italien. Une occasion de découvrir l’histoire des Vaudois.

 

Cette épopée débute en 1170 avec Pierre Valdo ou Valdès, marchand lyonnais. Choqué par le comportement et les dogmes de l’Église et du pape d’alors, il veut renouer avec la pratique des premiers chrétiens. Il vend tous ses biens. Pour que tous puissent avoir accès à la Parole, il fait traduire le Nouveau Testament en langue du peuple : l’occitan.

Succès et condamnation

Ses idées se propagent à travers toute l’Europe. Valdo et ses disciples, les pauvres de Lyon, sont condamnés par l’Église comme dissidents, car leurs prédications sont assurées par des laïcs, dont des femmes, et excommuniés en 1184.

S’appuyant sur les préceptes du Serment sur la Montagne, ils sont non violents. Persécutés, torturés par l’Inquisition, ils s’exilent en Lombardie, Autriche, sud de l’Allemagne et massivement dans les vallées du Piémont où ils se terrent comme des parias et pratiquent secrètement leur culte dans des grottes. Les barbes, sortes de colporteurs de la Parole et de l’instruction vont secrètement de village en village, au péril de leur vie. Suivent des siècles de vie humble, dans l’austérité, l’isolement et le dénuement.

Ils adhèrent à la Réforme

En 1532, pour rompre leur isolement, les Vaudois adhèrent à la Réforme protestante lors du synode de Chanforan, au cœur des vallées vaudoises, à Angrogne près de Torre Pellice. Du fait de la Révocation de l’Édit de Nantes, ils sont encore plus persécutés et massacrés, mais ils continuent de refuser massivement d’abjurer leur foi, et s’exilent.

En 1689, lors de la rentrée glorieuse, 900 hommes essayent de regagner secrètement le Piémont. Par le serment de Sibaud, ils promettent de rester unis, de continuer la lutte avec le pasteur Henri Arnaud, et échappent à l’hécatombe préparée par l’armée française, grâce au brouillard, à leur foi et à leur courage. En 1795, ils sortent de leur ghetto.

Ce n’est que le 17 février 1848 qu’ils obtiendront enfin leurs droits civiques et politiques en même temps que les juifs. C’est ce que que nous avons commémoré et fêté 170 ans plus tard avec eux !

Émouvante commémoration

Retraite aux flambeaux suivie d’un immense feu de joie, au milieu d’une foule nombreuse et joyeuse. Puis, au cours du culte bilingue (200 personnes), nous avons entonné le serment de Sibaud, moment de communion fort et émouvant. Déjà très touchés par le terrible parcours de nos ancêtres parpaillots, que ressentir devant ces Vaudois réduits à la plus extrême précarité, persécutés pendant tant de siècles, et qui ont résisté avec pour seules armes, une foi, une persévérance, une fidélité inébranlables ?

Martine GIRAUD
Lorgues

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