Un culte autrement

« Culte tête de veau » au Pont-de-Montvert

01 avril 2018

Il est des expériences que l’on veut relater, des idées, des succès, des envies. En Cévennes-Languedoc-Roussillon, les Églises ne manquent pas d’initiatives pour se retrouver et faire communauté.

Un culte où l’on est assis devant son assiette en attendant de manger ensuite une tête de veau. Quelle idée ! N’est-ce pas une incongruité ? Une forme de transgression du sérieux attribué au moment cultuel ? Une offense à notre Dieu ?

 

Entre tradition et spiritualité

Pourtant la joie d’aller écouter la Parole se mêle à la joie de manger un bon morceau de nos veaux de Lozère. En effet, ce pays du Pont-de-Montvert peut faire état d’une riche tradition d’élevage de qualité qui est un véritable marqueur culturel authentique, la culture au sens de ce qui fait l’identité d’un terroir. Dans le même temps, l’imposant temple manifeste une présence séculaire d’un protestantisme chargé d’histoire. C’est ainsi que le culturel rejoint le spirituel qui s’interpénètrent en s’alimentant réciproquement.

Nous le savons, Jésus dans les évangiles est souvent décrit partageant des repas, à tel point que ses détracteurs l’ont traité de « glouton » (Matthieu 11.19). Néanmoins il a continué son chemin, répandant la Parole comme un « mets succulent » (Ésaïe 55).

Dans la spiritualité d’un repas partagé (© DR)

Pour une Église ouverte

Aussi les 110 personnes présentes, venant d’horizons divers qui ont répondu à l’invitation de la paroisse du Pont-de-Montvert, se sont senties en parfaite harmonie et communion pour partager la Parole, nourriture spirituelle et la tête de veau, nourriture terrestre concrète.

Ce succès, au-delà du dévouement de Michèle et Marcel, ne doit rien au hasard. Il est le fruit d’une conception ouverte de l’Église au sein de laquelle il fait bon vivre en toute humanité. La vie d’Église, trop souvent perçue comme triste et austère, est ici synonyme de plaisir, de fraternité, de liens entre la « chair » et « l’esprit ». Au bout du compte on repart avec un sentiment de complétude. Alors, bon ruminement de la Parole et de la tête de veau à toutes et à tous. Et à l’an prochain…

 

Jean–Marie SZAFARCZYK,
Ensemble entre Schiste et Granit

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