Mai 68

Chrétiens à Lyon en mai-juin 68

01 octobre 2018

Au même titre que Paris ou Nantes, le mouvement de mai-juin 68 a été particulièrement intense à Lyon dans les universités, usines et administrations. Un colloque s’est tenu en mai dernier à Lyon et un livre devrait paraître prochainement. Rappel sur ces événements où catholiques et protestants ont été très présents dans les grèves et les manifestations.

C’est du campus de la Doua qu’a démarré le mouvement à Lyon, se souvient Francis Pithon, membre de la Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants et de l’Unef. Avec la demande de mixité en novembre 1967, mai-juin 68 était déjà en germe, comme lots des grèves du printemps et de l’automne 1967 dans les usines Berliet et à la Rhodiacéta, où des militants de la Jeunesse ouvrière chrétienne et de l’Action catholique ouvrière furent organisateurs. Sans oublier la protestation unitaire contre les ordonnances Pompidou sur la Sécurité sociale.

Catholiques et protestants ont apporté aux syndicats, partis et associations dont ils étaient membres, un regard évangélique tant sur les méthodes d’action que sur le fond des revendications. Ainsi, sur la gestion collective des grèves, ou le registre des augmentations uniformes de salaires, la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise ou même l’idée d’autogestion comme illustration d’un pouvoir étudiant, ouvrier et paysan différent. Les journaux L’Illustré protestant et Réveil offrirent en juillet 1968 des dossiers très enthousiastes avec le mouvement.
Si, dopé par le concile Vatican II (1962-1965), la hiérarchie catholique rhodanienne, comme à Paris, colla totalement au mouvement, du côté protestant, c’est essentiellement à l’automne qu’il se poursuivit. La prise de parole des étudiants en théologie lors du culte du 11 novembre, les débats pour une plus grande démocratie interne et un nouveau rapport entre pasteurs et fidèles en sont l’illustration.
 

Mai-juin 68 concrétisa
l’empathie d’une majorité de chrétiens avec le mouvement
© Pierre Nouvelle

On notera qu’en regard d’une adhésion militante massive, des chrétiens, catholiques comme protestants lyonnais, furent partie prenante, voire initiateurs, d’un contre-mouvement (notamment étudiant).

Jean-François Cullafroz-Dalla Riva

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