Chanter Dieu sans y croire

23 novembre 2016

Professeur d’éducation musicale et chef de chœur, Sandrine Moreau de la paroisse d’Indre et Creuse nous livre ici le ressenti de personnes non-croyantes interprétant des chants religieux. 

Un croyant pratiquant chante pour louer Dieu lors d'un culte. Mais tous les croyants n'osent pas chanter car dans notre société il ne faut pas trop se dévoiler et chanter c'est se « mettre à nu » en exprimant nos émotions. Alors qu’en est-il pour un non-croyant ? S’il est amené à chanter Dieu, c'est sans doute qu'il chante dans une chorale. Il ne s'agit donc pas de louer Dieu, mais d'interpréter une pièce du répertoire proposée par le chef-de-chœur.

Et puis il y a la dimension sociale du « groupe chorale ». Chacun s'implique dans le collectif, partage de bons moments et est solidaire. Le texte d'un chant peut être interprété hors de tout contexte religieux.

Mais d'autres fois, le texte peut engendrer un refus. Ainsi un programme de chants pour fêter Noël a suscité un vif débat : pourquoi tant de chants choisis dans ce programme évoquent-ils Jésus, Marie et Joseph ? Ne peut-on pas s'en passer ? Après discussions et échanges, le programme s'est équilibré entre chants de Noël religieux et populaires. Et les choristes non-croyants ont été d'accords pour chanter la nativité, en la racontant comme une histoire de notre civilisation chrétienne. Un conte de plus pour certains, un texte évangélique pour d'autres... Mais dans tous les cas une envie d'évoquer le temps de Noël comme un cadeau, un moment de partage et d'attentions diverses.

Enfin, chanter un chant religieux peut être porteur spirituellement. Par la beauté des harmonies de la musique, le compositeur a écrit sa musique religieuse en lui insufflant une émotion, une sensibilité qui élève le choriste. Croyant ou non-croyant, le message passe par les vibrations ressenties, même lorsque le texte ne parle pas au chanteur.

Sandrine Moreau

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