Aumônerie des Hôpitaux

Bioéthique : qu'en disent les religions ?

01 avril 2018

La dixième journée Éthique des soins et religions, a eu lieu le 21 février à La Timone. Elle s’est inscrite dans le cadre des États généraux de la bioéthique organisés par le Comité consultatif national d'éthique. Cette consultation citoyenne, demandée par le gouvernement, doit permettre d'apprécier les bienfaits, risques et conséquences des évolutions technologiques en génétique, et de réviser la loi de bioéthique française.

 

Les religions sollicitées
La génomique, prédiction des événements pathologiques ou non, va changer notre manière de considérer la santé et le soin. Tout un projet de société, une vision de l’avenir de l’humain sont ici en question. Considérés comme des ressources pour réfléchir au sens de la vie, à la vocation de l’homme et au vivre ensemble sur cette terre, les représentants religieux ont été interrogés, lors de cette journée, sur l’éthique propre à leur culte et le point de vue de leur institution. Le public était composé de médecins, infirmières, étudiants en médecine, bénévoles des aumôneries, membres de différents cultes...

Étude de cas
Un jeune homme risque à 50 % d’être atteint d'une maladie génétique incurable. Est-il éthiquement responsable de chercher à prédire l’apparition d’une maladie, surtout quand elle est incurable ? Est-ce que savoir évitera de souffrir ? Peut-on préjuger de la qualité d’une vie, même marquée par une maladie incurable ? Comment accompagner la personne dans son choix d'un éventuel test ?
Le cas se complexifie quand le jeune homme et sa compagne décident de faire le diagnostic génétique et qu'il apprend qu’il est porteur de la maladie. Comment accompagner leur désir de fonder une famille ? Diagnostic prénatal, préimplantatoire ou don de gamètes sont les trois options médicales possibles. Les problèmes éthiques soulevés par ces procédés médicaux sont l’avortement éventuel de l’embryon qui dans un cas sur deux est porteur de la maladie, le tri entre embryons sains et porteurs de la maladie (eugénisme) et la gestion des embryons surnuméraires, dans le cas d’une fécondation in vitro ou d’une paternité anonyme, lors du don de gamètes.

Positions semblables
Malgré une différence fondamentale entre éthique normative et éthique de discernement (au cas par cas), tous les représentants religieux ont souligné que la vie est un don, que son sens ne peut se limiter à la santé physique, que la vie humaine a un caractère relationnel dans lequel la confiance reçue et accordée joue un rôle majeur, et que personne ne peut préjuger de la valeur d’une vie. L’analyse d’un cas pratique a donc permis d’explorer les liens entre religion et bioéthique. C’est là un des lieux où la société attend des prises de position par les religions.

Silvia ILL-KEMPKES

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