Edito

Bien au-delà de l’accueil : l’humain !

01 juin 2017

L'accueil véritable s'exprime le plus souvent dans l'acceptation de l'autre comme un alter ego : un humain... Pas forcément pour obéir à un penchant, une inclination ou à un choix.  Mais à un impératif moral.

L'accueil véritable s'exprime le plus souvent dans l'acceptation de l'autre comme un alter ego : un humain... Pas forcément pour obéir à un penchant, une inclination ou à un choix.  Mais à un impératif moral. Emmanuel Kant considère ce retour au bon sens comme une validation de notre propre humanité. Bref, une mise à jour d'une norme comportementale cardinale qui, à ses yeux, est un impératif catégorique : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme moyen » (Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, page 105). Nombre de courants philosophiques ont reproché à Kant cette équivalence naturelle entre « le souci de soi » et « le souci pour l'autre ». De tels reproches accordent plus de poids aux monstruosités cachées de la nature humaine qu’à la notion de devoir mise en avant par Kant.

Un accueil évangélique

Cette vision de l'accueil de l'autre surpasse pourtant les clivages philosophiques. Elle s'enracine dans l’Évangile :« Ainsi doivent être sans doute également compris les passages de l’Écriture où il est ordonné d'aimer son prochain, même son ennemi. Car l'amour comme inclination ne peut pas se commander ; mais faire le bien précisément par devoir, alors qu'il n'y a pas d'inclination pour nous y pousser, et même qu'une aversion naturelle et invisible s'y oppose, c'est là un amour pratique et non pathologique, qui réside dans la volonté, et non dans le penchant de la sensibilité, dans des principes de l'action, et non dans une compassion amollissante ; or cet amour est le seul qui puisse être commandé » (Idem, page 67). En 1979, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, pourtant antagonistes, ont prêté main forte au gouvernement français dans un projet d'accueil de réfugiés et de migrants vietnamiens et cambodgiens menacés dans leurs pays par une idéologie totalitaire, par la faim, les épidémies et les persécutions ethniques. Une passerelle humanitaire fut construite entre la France et ces pays offrant l'accueil à plus de 128 000 personnes sur le sol français à partir de 1975. Des bateaux ont été affrétés avec à bord des équipes médicales de « médecins sans frontières » pour sillonner la mer de Chine et porter secours et assistance à ceux qu'on appellera les « boat peoples ». A l'unisson, on reconnaissait que ces femmes et ces hommes étaient d'abord et avant tout, comme le disait Jean-Paul Sartre : « des humains ! » Un exemple pour aujourd’hui…

Eugène Biyong,
Pasteur dans les Hautes Pyrénées.

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