Folles idées

À la découverte de Luther… autour d’un repas

01 juin 2017

L’EPUdF d’Angers Cholet et la paroisse catholique Saint-Joseph proche essaient de faire des animations régulières en commun, souvent autour de la Bible et de l’Art. Mais en cette année 2017, l’équipe organisatrice s’est dit qu’il fallait faire quelque chose autour de Luther. Oui, mais quoi ? Surtout dans un contexte œcuménique. Une idée innovante a vue le jour…

Un premier remue-méninges a permis de retenir certaines pistes : qui connaît bien la pensée de Luther ? Peu de gens en fait, même chez les protestants. Alors on est parti sur l’envie de faire une sorte de « Luther pour les nuls ». Oui, mais sous quelle forme ? Luther invitait beaucoup à sa table et y exposait ses idées, alors pourquoi pas un dîner ?

Au départ, un menu

L’envie de lire des textes est rapidement arrivée, lectures à haute voix, textes sur les tables etc. Mais cela apparaissait un peu trop austère pour un dîner. Il nous a alors fallu être inventifs.

Et puis, Luther, ce n’est pas seulement un ensemble d’idées vivement débattues à l’époque, mais aussi une autre manière de vivre l’Église, avec en particulier la nouvelle place donnée aux laïcs. Et cela n’est-il pas symbolisé par le chant, non plus en latin et réservé aux clercs, mais en langue du peuple sur des airs populaires.

 
Luther, en la personne d’Étienne Berthomier,
s’est invité au repas © Wojtek Buss

 Le menu s’est vite imposé avec une choucroute, plat typique de l’Est. Il a fallu alors régler les détails pratiques, trouver un traiteur, fixer un prix permettant à tous de venir : 10 € par personne, 5 € pour les étudiants et personnes en difficulté.

Quand au contenu final de la soirée, je laisse un des participants s’exprimer :

Voici un écho de la belle soirée que nous avons eue. Réunissant soixante-dix participants, elle a été un beau succès… Convivialité et plaisir d’échanger, de bouger, d’apprendre aussi. La proposition était œcuménique, alors nous nous sommes sans cesse mêlés, catholiques et protestants de l’Église unie ou de plus loin.

Avec un quizz

Quizz sur Luther par Françoise Giffard © Wojtek Buss

 

  Dès le début, après un apéritif (juste assez pour relâcher les esprits, pas trop pour ne pas troubler les têtes), Françoise nous a soumis à un quizz sur Luther, sur les enjeux de sa réforme et surtout sur ce que nous croyions savoir : répondre par « oui » ou « non ». Le truc génial, c’était que nous n’avions pas à répondre par des paroles, ni en levant la main, mais en nous déplaçant vers la droite ou vers la gauche de la salle. Alors là, on s’est mélangés, entre connus et inconnus, Monsieur et Madame aussi n’étaient pas forcément d’accord. Nous avions tous à réviser nos clichés, remettre des nuances dans ce que l’on savait, car les choses ne sont jamais si simples. Heureusement, Françoise avait aussi des réponses. Je dis bien « des » réponses : une réponse pour « oui » et aussi une réponse pour « non » car nous avions tous un peu raison. Un peu bousculés, nous étions prêts pour réviser.

 Pour le repas lui-même, nous étions par petites tables, c’était super pour les échanges. Le menu n’était pas très important, ce sont les entremets qui comptaient, vous allez voir. C’était un plat de l’Est, voire d’Allemagne : une choucroute. Luther était bon-mangeur, c’est connu. Ah ! Les entremets : Luther lui-même s’est invité, se laissant interviewer par deux fois pour raconter sa conversion, sa vocation et pourquoi et comment il a refusé de se rétracter. Et là, Luther n’a pas été trop long du tout, car vous savez dans ses Propos de table, il s’étend, il s’étale… c’est un bavard. Mais bon, Luther incarné par notre pasteur Étienne Berthomier, interviewé par Maryvonne Buss de la paroisse catholique, c’était parfait !

Des chants

Après ? Bien sûr nous avons chanté. Un chant protestant, luthérien évidemment. Car si Luther a donné la Bible au peuple, il lui a aussi donné le chant : chanter à l’église, à la maison, au travail, etc. Avant « on » chantait en latin, à l’église. Mais Luther a écrit des chants pour tous : ses chorals en allemand, sur des airs populaires, des mélodies simples et connues, pour que tout le monde chante et apprenne à dire sa foi. David Vandiedonck, tantôt à l’épinette, tantôt se baladant avec le micro, nous a montré tout ça. Nous avons tout compris et nous avons chanté de bon cœur. Bravo et un grand merci à tous.

Je précise (c’est Françoise Giffard qui reprend la plume), que les réponses de notre Luther, lors de son interview, étaient quasi intégralement tirées des textes écrits par Luther. Et ce, de manière tellement vivante que les convives ne s’en doutaient pratiquement pas. Un très grand bravo à notre pasteur Étienne qui a réussi ce tour de force, en connivence avec Maryvonne Buss, rédactrice en chef au magazine Panorama.

Des thèmes

De plus, à la fin de chaque intervention de « Luther », des sujets à débattre étaient proposés. Les tables étaient mélangées entre membres de chaque communauté, ce qui a permis des discussions constructives et respectueuses. Bien que le thème soit très protestant, le quizz comme les divers échanges ont aussi permis de préciser des points de la pensée catholique, en particulier sur les apports de Vatican II et des positions récentes du pape François, par exemple sur sa façon de comprendre aujourd’hui les indulgences ou plutôt l’indulgence de Dieu, qui a à voir avec la Miséricorde. C’est en particulier Gilles Crand, curé de la paroisse Saint-Joseph, qui a apporté tous ces éclairages passionnants.

Au départ de cette initiative, la formule nous paraissait assez folle. Nous espérions une trentaine de personnes, compte-tenu du sujet quelque peu théologique. Nous étions vraiment des gens de peu de foi car la soirée a vite affiché complet ! Une deuxième soirée a dû être envisagée rapidement, vu la demande. Une troisième est prévue à Cholet. Le succès de la formule ? Peut-être le mélange de convivialité et de profondeur de la réflexion mais présentée sous une forme ludique et participative. Des points que nous retiendrons pour d’autres rencontres.

Un kit d’animation de la soirée est à la disposition de toutes les paroisses qui souhaiteraient aussi mettre en place une soirée équivalente, auprès du secrétariat de la région. 

 
 
Françoise Giffard

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