Cinéma

120 battements de cœur par minute

08 novembre 2017

Fin septembre est sorti sur les écrans un film évoquant l’action de l’association Act’Up dans les années 80. Un message de vie porté par des militants remplis d’espoir.

Ce film dit la rage de vivre ; vivre envers et malgré tout : la maladie qui vous rattrape, l’indifférence du monde, le rejet des bien-pensants ou pire : de ceux qui sont comme vous mais préfèrent fermer les yeux sur le danger.

L’espoir

Ce film dit aussi la rage d’aimer ; aimer celui qui est condamné en faisant fi de son corps qui s’abime sous vos yeux, refusant la fatalité de la mort, forçant le destin. Oui, c’est aussi un film sur l’espoir. Un espoir âpre qui espère au-delà de son propre horizon de vie qu’un jour on trouvera le remède, le vaccin qui en sauvera d’autres, d’autres vies que la mienne et se battre pour cela. Se battre aussi pour que d’autres n’attrapent pas la maladie. C’est une histoire de désir, de plaisir, de passion, une magnifique histoire d’amour.

« C’est sûr, Act-Up ne faisait pas dans la dentelle, mais avez-vous déjà vu beaucoup de prophètes qui font dans la dentelle ? »

La révolte

C’est un film de révolte, de ceux qui veulent littéralement balancer la vérité à la figure du monde, mais aussi la danser, montrer que ce n’est parce qu’on est malade, gay, prostituée ou membre d’une autre minorité qu’on n’aurait pas le droit à être visible dans la rue. Et pas visible comme objet de pitié, mais fièrement, dans la provocation et l’euphorie. C’est un film déraisonnable car, pour ceux touchés par le SIDA dans ces années-là, il n’y avait plus le temps pour discuter et attendre raisonnablement. Mais, en même temps, le film montre qu’à cette époque proposer des solutions « cash » et concrètes était la seule chose raisonnable à faire. C’est sûr, Act-Up ne faisait pas dans la dentelle, mais avez-vous déjà vu beaucoup de prophètes qui font dans la dentelle ? C’est un film qui bouleverse, qui peut déranger, mais qui sonne juste.

L’urgence de la vie

J’ai aimé aussi découvrir le modus des réunions d’Act Up. Nos synodes pourraient en prendre exemple. Présenter les nouveaux arrivés à tous les autres en début de séance, ne pas manifester bruyamment son accord mais juste claquer des doigts pour que l’orateur puisse finir ce qu’il est en train de dire, ne pas faire le débat dans le couloir mais dans la salle, ne pas être trop long, et au besoin arrêter un bavard par un simple geste de la main. On découvre Act Up comme un mouvement en pleine effervescence à la fin des années 80, et comment son style est né dans des grands débats de fond. J’ai aimé la musique, la façon de filmer par petites touches exprimant le morcèlement et l’urgence de la vie. Le film enfin m’a remis en mémoire cette époque des années 80 où toute une génération a été décimée par le SIDA, où l’amour rimait tout d’un coup avec la mort, terrible message pour des jeunes. Malheureusement, on n’a pas fini la avec lutte contre le SIDA et pour une meilleure prévention de la maladie. C’est une autre raison d’aller voir ce film. 

En savoir plus

Réalisateur : Robin Campillo

Année : 2017

Acteurs : Avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel.

Résumé : Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par Sean qui consume ses dernières forces dans l'action.

Ottilie Bonnema,
Pasteure à la Fondation John Bost.

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